Deux disparitions qui intriguent la justice. Marie-Josée Benitez, 53 ans, et sa fille Allison, qui concourait pour le titre de Miss Roussillon, n'ont plus donné signe de vie depuis le 14 juillet à Perpignan. Depuis ce jour là, «il n'y a aucun mouvement sur les comptes bancaires, pas d'utilisation de moyens de paiement, des téléphones (portables) fermés et aucun signe d'activité quelle qu'elle soit», y compris sur les réseaux sociaux, a indiqué le procureur adjoint de Perpignan Luc-André Lenormand. L’enquête prend un nouveau tournant avec l'ouverture d'une information judiciaire pour «recherche des causes de la disparition» de ces deux femmes. Les policiers se sont rendus dans l'appartement familial en quête de tous les indices qui pourraient mener aux deux femmes. Pour le moment en vain…

Que change, dans cette enquête, l’ouverture d’une information judiciaire?

Jusqu’à jeudi, seule la Sécurité publique s’occupait de cette affaire. Désormais, elle travaille avec la police judiciaire et vont reprendre à zéro des investigations complexes. La police va donc désormais disposer de plus moyens pour diffuser plus largement les signalements de Marie-Josée Benitez et de sa fille Allison, ou pour mieux exploiter leurs téléphones portables par exemple. Pour le procureur adjoint de Perpignan Luc-André Lenormand, «toutes les pistes sont à exploiter (…) de la disparition volontaire à la disparition avec suspicion d'infraction, qu'il s'agisse d'un crime ou d'un délit».

Pourquoi les policiers et la justice ont changé d’avis sur cette disparition?

Les policiers ont d'abord envisagé ces disparitions comme faisant partie des dizaines de milliers répertoriées chaque année en France, d'autant que les parents d'Allison étaient en cours de séparation. Aujourd'hui le parquet ne cache pas qu'il y a lieu d'être inquiet; si Marie-Josée et Allison Benitez ont volontairement disparu, elles auraient au moins pu se manifester auprès des policiers ou de proches pour les rassurer, devant le battage fait autour d'elles ces derniers jours. Les policiers ont lancé un appel à témoins, en vain jusqu’à présent. Marie-Josée, brune aux yeux verts, mesure 1,67 m. Allison mesure 1,74 m et est brune.

Que s’est-il passé le 14 juillet, jour de la disparition de Marie-Josée Benitez et de sa fille Allison?

Selon le père de famille Francisco Benitez, les deux femmes ont quitté le foyer avec leurs valises le 14 juillet après-midi en lui annonçant, sans explication: «On s'en va». Ce jour-là, à 17H00, la fille aînée de Marie-Josée Benitez, née d'une précédente union, recevait selon le parquet un texto provenant du téléphone de sa mère et lui apprenant qu'elles partaient pour Toulouse.

Depuis lors, les portables des disparues sont coupés. Aucun mouvement n'a été décelé sur leurs comptes bancaires, ni sur les réseaux sociaux qu'elles affectionnaient. L'exploitation des caméras de vidéosurveillance, à la gare notamment, n'a rien donné, pas plus que l'appel à témoins lancé par les policiers.

Pourquoi voulaient-elles partir précipitamment pour Toulouse?

C’est l’une des interrogations des policiers, car les deux femmes n'avaient apparemment pas d'attache dans cette ville. Tout aussi intrigant, comment comprendre qu'Allison abandonne le concours pour Miss Roussillon, alors qu’elle était, selon la déléguée du comité, «la plus motivée» au point de mettre entre parenthèses son apprentissage de coiffeuse? Le 14 juillet, elle participait encore à une réunion du comité avant que son père ne vienne la chercher pour la ramener à la maison.

Que disent les proches de ces disparitions?

Pour l’entourage, cette disparition est étrange car rien dans le comportement des deux femmes pouvait laisser croire à un départ précipité. Le 14 juillet, alors qu’Allison participait encore à une réunion du comité du concours Miss Roussillon, elle demandait à la déléguée Cindy Filipiak: «On se retrouve où et à quelle heure demain?» A une connaissance, la jeune fille aurait dit son intention d'assister ce soir-là avec sa mère au feu d'artifice du 14 Juillet.

Les proches, les voisins, les employeurs d'Allison décrivent une jeune femme sérieuse, chaleureuse et sociale mais discrète, passionnée de mode. «C'est une fille très équilibrée, de bonne éducation, bien sous tous les rapports», dit Sandra Rossi, patronne de l'école de coiffure qui a accueilli Allison: «Elle n'avait pas de mauvaises fréquentations. Elle était élégante, jolie, coquette, soignée...»

Sandra Rossi ne comprend pas: «Je vois mal Allison et sa mère partir comme ça, en claquant des doigts. Elles n'auraient jamais laissé leur chien».

Qu’en est-il du couple Marie-Josée et Francisco Benitez?

Le couple de Marie-Josée et Francisco Benitez battait de l'aile. Ils s'étaient déjà entendus pour qu'elle, sans emploi, déménage en septembre avec sa fille et Francisco, militaire de carrière, avait accepté de payer le loyer. La mère et la fille avaient un rapport fusionnel, disent les voisins qui parlent d'un foyer discret, installé il y a quelques-mois dans le quartier populaire du Moyen-Vernet.

Si vous avez la moindre information, vous pouvez joindre le commissariat de Perpignan au 04.68.35.70.00, ou le 17.