Mutualisation des réseaux Bouygues et SFR: «Le consommateur bénéficiera d'une meilleure couverture»
INTERVIEW – Antoine Géron, spécialiste en stratégie télécoms, décrypte les avantages à venir pour le consommateur...Propos recueillis par Céline Boff
L’an prochain, SFR et Bouygues Telecom pourraient mutualiser une partie de leurs réseaux mobiles. Ils ont en tout cas annoncé lundi être entrés en négociations exclusives pour aboutir à un tel accord. Ce que le gouvernement voit d’un bon œil: «Cette stratégie apparaît particulièrement adaptée lorsque les niveaux de marge sont plus contraints, comme c'est le cas à l'heure actuelle», ont réagi les ministres Fleur Pellerin et Arnaud Montebourg.
Le consommateur sera-t-il aussi gagnant? Le point avec Antoine Géron, manager au sein de Polyconseil, un cabinet de conseil en stratégie spécialisé dans les nouvelles technologies.
Pourquoi SFR et Bouygues Telecom cherchent-ils à mutualiser leurs réseaux, maintenant?
De telles mutualisations existent déjà dans d’autres pays et notamment en Europe, où une dizaine d’accords ont été passés, par exemple en Angleterre ou encore en Espagne. Le partage d’infrastructures présente de nombreux avantages puisqu’il fait baisser les coûts tout en permettant à chaque opérateur de conserver une vraie liberté commerciale. Il est donc naturel de voir cette pratique arriver en France.
Pensez-vous que les deux opérateurs parviendront à un accord?
Il est encore trop tôt pour le dire. Ceci dit, Bouygues Telecom et SFR s’entendront sans doute plus facilement sur le réseau 4G, puisque tout est à construire. Mutualiser l’existant peut présenter davantage de difficultés. Logiquement, les deux opérateurs devraient s’unir principalement dans les zones les plus rurales et donc les moins rentables. Dans les villes, partager le même équipement offre moins de sens compte-tenu de la densité de population.
Le consommateur peut-il espérer des baisses de prix?
Il obtiendra avant tout une amélioration du service: en cas d’accord, il bénéficiera d’un meilleur réseau et donc d’une meilleure couverture, puisque les opérateurs vont additionner leurs équipements et en créer de nouveaux ensemble. En ce qui concerne les tarifs, l’ampleur de l’accord sera déterminante. Si Bouygues Telecom et SFR s’entendent sur 10.000 sites, les économies de coûts seront significatives et les bénéfices pour le consommateur seront nécessairement plus importants.
Cette mutualisation pourrait-elle entraîner des réductions d’effectifs?
Tout dépend de la teneur et de la portée de l’accord, que nous ne connaissons pas à ce stade. Il nous semble plutôt que le principal bénéfice de ce type de mutualisation est de permettre aux opérateurs de se démarquer par la qualité.