«La centrale du Tricastin est une passoire, fermons-là»

«La centrale du Tricastin est une passoire, fermons-là»

POLEMIQUE- Les réactions politiques se sont enchaînées suite à l'action coup-de-poing menée ce lundi à l’aube par des activistes de Greenpeace dans la centrale du Tricastin…
Elisa Frisullo

Elisa Frisullo

Ils ont atteint les réacteurs en quinze minutes. Ce lundi, à l’aube, une trentaine d’activistes de Greenpeace ont pénétré dans la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme) pour dénoncer les risques d’accident et réclamer la fermeture de ce site nucléaire «parmi les cinq plus dangereux de France». Les militants ont tous été interpellés par les gendarmes de Pierrelatte et placés en garde-à-vue. Mais cette action coup-de-poing, menée à la fin du débat national sur la transition énergétique, vient une nouvelle fois illustrer les failles de la sécurité des installations nucléaires. Les ministres de l’Intérieur Manuel Valls et de l’Energie Philippe Martin, ont d’ailleurs demandé dès ce lundi un rapport sur les circonstances de cet événement.

«La sécurité nucélaire respectée»


Pour éviter la polémique, EDF, propriétaire de la centrale de production d’électricité, s’est expliqué sur cette intrusion dans la matinée. «Dès leur entrée sur le site, les personnes ont été détectées et leur cheminement a été suivi en permanence sur le site (…) Les militants n’ont à aucun moment pu pénétrer dans les zones sensibles de l’installation. Cette intrusion n’a eu aucune conséquence sur la sécurité des installations, ni sur celle des personnes présentes sur le site», a assuré EDF. Mais cette explication n’a pas suffit à éviter les réactions en chaine.



«La loi doit être respectée, on ne peut pas cautionner ce genre d'intrusion mais je dis aussi depuis longtemps qu'il y a besoin d'un plan de vérification de la sécurité des installations nucléaires», a estimé ce lundi Jérome Chartier, député UMP. Le président de la République a également réagi à l’intrusion du Tricastin, lors d'un point de presse sur le perron de l'Elysée au côté du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. «La France est très attachée à la sécurité nucléaire et l'Autorité de sûreté nucléaire y veille, c'est sa mission», a déclaré François Hollande. «Elle a donné d'ailleurs toute garantie pour nous assurer que cette sécurité nucléaire est absolument respectée».

Le risque terroriste sous-estimé ?

«Cette action montre que les centrales nucléaires sont clairement soumises au risque terroriste. Si des dizaines de militants peuvent pénétrer en quinze minutes dans une centrale et que ceci est considéré comme un "non événement" par les responsables d’EDF, alors la situation est grave, a réagi l’eurodéputée EELV Michèle Rivasi, s’étonnant que depuis la première alerte de Greenpeace en 2011, la sécurité n’ait pas été renforcée. Le 5 décembre 2011, des militants de Greenpeace avaient réussi à s’introduire dans deux centrales nucléaires à Nogent-sur-Seine, dans l’Aube, et Cruas, en Ardèche. Le 5 mai 2012, un autre activiste avait survolé en ULM la centrale du Bugey dans l'Ain, avant de se poser dans son enceinte.

Dans un communiqué intitulé «La centrale du Tricastin est une passoire, fermons-là», les élus EELV Rhône ont profité de l’opération de ce lundi pour rappeler la dangerosité du site ouvert depuis 1980. «Tricastin, c’est 32 ans de fonctionnement, de trop nombreuses microfissures dans la cuve du réacteur numéro 1, un site situé en zone sismique et des incidents à la pelle», ont indiqué les élus, demandant à François Hollande de respecter l’accord scellé avec les écologistes en 2011. Pour tenir ses engagements, le gouvernement doit, selon eux, fermer au moins deux centrales et réduire la part du nucléaire à 50%.