Affaire Tapie: Christine Lagarde a-t-elle menti devant la Cour de Justice?
JUSTICE – D'après Mediapart, elle aurait notamment menti sur son absence au moment de la signature d'un document décisif validant l’arbitrage...Bertrand de Volontat
Lagarde revient au centre de l’affaire Tapie. Selon le site Mediapart, l’ex-ministre des Finances et actuelle directrice générale du FMI, Christine Lagarde, aurait menti deux fois lors de son audition devant la commission d’instruction de la Cour de Justice de la République (CJR) les 23 et 24 mai derniers.
Entendue pendant de longues heures par la Cour de justice dans le cadre de l’affaire de l’arbitrage de 2008 ayant permis à Bernard Tapie de toucher 403 millions d’euros, elle en est ressortie avec le statut de témoin assisté. Christine Lagarde a indiqué aux enquêteurs qu’elle ne s’était effectivement pas opposée à la proposition de son directeur de cabinet de l’époque, Stéphane Richard, actuel PDG d’Orange, de s’en remettre à un tribunal arbitral pour régler le litige. Mais «il me semble, maintenant, que j'aurais dû être plus méfiante», a-t-elle déclaré lors de son audition.
Christine Lagarde a-t-elle pris connaissance des recommandations contre l’arbitrage?
Pour Mediapart, qui a pris «connaissance de l’intégralité de l’audition», elle aurait tout d’abord affirmé n’avoir jamais lu les notes de l’Agence des participations de l’Etat (APE) lui recommandant de ne pas procéder à un arbitrage dans l’affaire Tapie. «Je n’ai pas eu connaissance, au moment où j’ai pris mes fonctions, de la note du 9 janvier 2007 de l’APE», aurait-elle répondu le 23 mai. Or, le site Web affirme qu’elle avait dit le contraire face aux députés lors de son audition sur l’affaire Tapie, le 23 septembre 2008, devant la commission des finances de l'Assemblée nationale. Elle affirmait alors avoir «pris connaissance de ses recommandations avec intérêt».
Par ailleurs, le site poursuit qu’elle aurait expliqué aux juges de la CJR ne pas avoir pu signer un document décisif donnant le feu vert à l’arbitrage, le 23 octobre 2007, car elle se trouvait à Washington DC, aux Etats-Unis. Elle aurait affirmé durant son audition qu’elle n’aurait pas signé un courrier de cette nature «si [elle] avait été mise en mesure de le relire». «J'ajoute que c'est un courrier qui n'est manifestement pas rédigé par l'APE et qu'il l'a été probablement en mon absence de Paris, dans la mesure où sa date correspond à la période de l'assemblée générale du FMI à laquelle je participais en tant que ministre». Or Mediapart, à la lueur d’un communiqué de presse de l’Elysée et d’une interview accordée à France Inter ce matin-là, affirme qu’elle se trouvait en réalité à Paris.
Enfin, elle explique que cette lettre du 23 octobre 2007 comporte une signature résultant de l'utilisation de la «griffe», une signature automatique des ministères ne requérant pas leur présence, suggérant ainsi que Stéphane Richard l’aurait usé à son insu.