MODEFashion Week: «Au Paradis» avec le couturier Julien Fournié

Fashion Week: «Au Paradis» avec le couturier Julien Fournié

MODERencontre avec le couturier Julien Fournié qui présentait sa collection haute couture automne-hiver 2013-2014 ce mardi...
Anne Demoulin

Anne Demoulin

Dans son atelier de la rue Paradis à Paris, le mot «maison» dans «maison de couture» prend tout son sens. Julien Fournié a présenté ce mardi sa collection haute couture, intitulée «Première Chimères». Jacquards de soie or et ivoire aux motifs années 1930, immenses zipper, pantalon samouraï, robe de cuir enluminée d’or, chemisiers fin 19e. Un voyage fantastique dans l’univers de Jules Verne. Rencontre avec un artiste aussi bienveillant que brillant.

Vous avez débuté par la médecine…

Oui, je suis quelqu’un de plutôt scientifique, dans la structure de ma pensée. Aujourd’hui, cela me sert pour gérer ma maison. Cette année, il y a eu beaucoup de challenges: un défilé à Singapour, un à Stockholm, un nouveau directeur général, Jean Paul Cauvin, le déménagement… Depuis que nous sommes rue du Paradis, je le suis aussi. Madame Jacqueline, ma première d’atelier, vole sur les robes. Quand on fait un essayage, tout est parfait, sans tensions.

Vous avez fait vos armes chez de grands noms de la mode…

Trois grandes maisons ont marqué ma carrière. Claude Montana m’a transmis l’idée de la structure du vêtement, il est tellement rigoureux! Jean Paul Gaultier m’a appris à être léger, mais pas à la légère. Chez Torrente, je me suis retrouvé à 28 ans à la tête d’une maison de couture, avec beaucoup de choses à gérer: un budget, des personnes, des égos. J’y ai beaucoup appris.

Parlez nous du style Julien Fournié?

De la femme qui transpire de la femme. Je veux qu’elle revienne au cœur du débat mode. Dans la vie d’une femme, il y a plusieurs moments. Le designer de mode doit être là pour l’aider à se définir dans ces différents instants. Le style Julien Fournié est appuyé sur le corps, ce n’est pas une mode dégaine.

Comment travaillez-vous?

Le dessin, ça passe toujours par le dessin. J’enseigne l’illustration et je travaille aussi un projet de dessin animé. Monsieur Jean Mouclier, directeur de création chez Cartier, qui m’a appris à dessiner m’a toujours dit: «Un bon croquis vaut mieux qu’un long discours ».

Votre nouvelle collection?

Le leitmotiv, c’est émotion, féminité et humanité. J’ai décidé d’aller à l’essentiel. Les couleurs sont gourmandes: chocolat, taupe, doré tenu, comme usé. J’ai construit une collection futuriste, sous l’influence de Gustave Eiffel. Des silhouettes fin 19e mélangées avec des super héroïnes.

Où puisez-vous l’inspiration?

Ma bibliothèque qui contient des comics, des mangas, de nombreux ouvrages d’illustration, sur les dessins animés et la mode. On ne peut pas faire de la mode sans connaitre son histoire. Mais, je ne fais que picorer des choses, sinon, je deviens trop déférant par rapport à mes pairs…

Vous accordez un grand soin à la mise en scène de vos défilés…

La saison passée, ça courrait sur le podium. Cette saison, je voulais que les mannequins prennent leur temps pour montrer une autre facette de mon travail, quelque chose de beaucoup plus doux, de plus en adéquation avec moi… parce que je pense être un mec gentil.