Mariage gay: Poursuite du bras de fer entre le maire basque d'Arcangues et les autorités
SOCIETE•Il continue d'affirmer qu'il ne procèdera pas à des mariages homosexuels dans sa mairie...20 Minutes avec AFP
Il persiste et signe. Le maire d'Arcangues dans les Pyrénées-Atlantiques, qui refuse de marier deux homosexuels, a annoncé ce lundi au sous-préfet de Bayonne qu'il n'appliquerait pas la loi sur le mariage pour tous en dépit des sanctions encourues.
Le maire divers droite, Jean-Michel Colo, a demandé un nouveau délai de réflexion pour l'exécutif de sa commune. Il a été reçu à la sous-préfecture alors que quelque 200 personnes manifestaient aux abords du bâtiment, pour et contre le mariage gay. Un rassemblement qui a brièvement tourné à l'échauffourée et s'est soldé par une garde à vue.
Le sous-préfet, Patrick Dalennes, a indiqué à l'AFP qu'il avait rappelé à l'élu qu'il avait convoqué par écrit «le cadre légal ainsi que ses responsabilités de maire et d'officier d'état civil», et «les sanctions qu'il encourt s'il ne respecte pas la loi».
«Je ne cèderai pas»
Selon Patrick Dalennes, le maire lui a dit «qu'en toute conscience il ne se voyait pas appliquer la loi».
Sorti après une heure d'entretien sous les applaudissements de 200 personnes du collectif Manif pour tous, opposé au mariage gay, Jean-Michel Colo a remercié pour «ce soutien» et indiqué que le sous-préfet lui avait donné «un petit sursis jusqu'à jeudi, jour où je dois me réunir avec mes adjoints pour prendre une décision».
«Personnellement je ne cèderai pas», a-t-il ajouté aussitôt.
Le sous-préfet dément
Une version que ne cautionne pas le sous-préfet. «Formellement il ne lui a pas été notifié de délai», a dit Patrick Dalennes. «J'ai noté sa demande mais la décision ne m'appartient pas, je dois en référer au préfet.»
Interrogé par des journalistes sur le point de savoir s'il avait le sentiment de devenir le héros des opposants au mariage homosexuel, Jean-Michel Colo a dit ne pas avoir «la grosse tête», se sentir «bien dans (ses) pompes» et «en phase avec (sa) conscience».
Questionné au sujet de conseillères municipales disposées à marier des couples homo s'il leur accordait cette délégation de pouvoir, Jean-Michel Colo a botté en touche, répondant que «les conseillères n'ont rien à voir là-dedans».
En marge de ce rassemblement, un manifestant favorable au mariage gay a été interpellé et placé en garde à vue pour «faits de violence», après un échange de coups qui a duré quelques secondes entre une poignée de manifestants, rapidement séparés par la police, a constaté une correspondante de l'AFP.
Prochains dépôts de plaintes
Plusieurs orateurs avaient pris la parole pour défendre le maire réfractaire, au milieu du groupe qui brandissait des pancartes: «On veut du boulot, pas du mariage homo», et scandait des slogans hostiles à la loi Taubira et au gouvernement.
Serge Harismendy, président départemental de la Manif pour tous, a expliqué à l'AFP toute son admiration pour le maire qui «a osé affronter les menaces et les pressions».
A quelques dizaines de mètres de l'autre côté de la rue, une dizaine de partisans du mariage pour tous avaient déployé une banderole avec ces mots: «Homophobe - Intégriste - Facho: on veut tes droits, pas ton avis.»
La brève échauffourée entre trois ou quatre personnes s'est produite alors qu'un membre de ce groupe s'est approché des manifestants soutenant Jean-Michel Colo.
Rappelé à l'ordre par Manuel Valls
Le refus du maire d'Arcangues de marier un couple d'hommes dans sa commune lui a valu la condamnation de plusieurs associations et les menaces du ministre de l'Intérieur Manuel Valls, qui a rappelé que les maires réfractaires s'exposaient à des «sanctions importantes».
Un maire peut être condamné pour discrimination en cas de dépôt de plainte et risque «jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende». Il peut également être suspendu en Conseil des ministres, ou révoqué.
Le couple formé par Jean-Michel Martin et Guy Martineau-Espel a, pour sa part, annoncé son intention de porter plainte «pour discrimination à caractère homophobe». Il entend aller «jusqu'à la Cour européenne des Droits de l'Homme» pour faire valoir son droit, a précisé Martineau-Espel.
Vendredi l'association de lutte contre l'homophobie Idaho (International Day against Homophobia and Transphobia) avait aussi annoncé son intention de déposer plainte pour discrimination contre Jean-Michel Colo.