JUSTICEAffaire Zahia: Le procès de Ribéry et Benzema est renvoyé à 2014

Affaire Zahia: Le procès de Ribéry et Benzema est renvoyé à 2014

JUSTICELe tribunal a décidé de transmettre une question prioritaire de constitutionnalité à la Cour de cassation...
William Molinié

William Molinié

Les gouttes de sueur perlent tout autour de son crâne chauve. Carlo Alberto Brusa a gagné une première bataille à Paris, mardi, devant la 16e chambre correctionnelle. Dans une chaleur étourdissante, l’avocat de Franck Ribéry a défendu une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) que le tribunal a estimé être «recevable». Le procès de Franck Ribéry et de Karim Benzema, poursuivis pour avoir eu recours aux services d’une prostituée mineure, a été renvoyé au 20 janvier 2014, le temps que le point de droit litigieux soit examiné par la Cour de cassation qui aura trois mois pour transmettre ou non la QPC au Conseil constitutionnel, lequel, le cas échéant devra s’assurer de la conformité avec la Constitution.

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«C’est un premier pas vers un combat juridique important», a déclaré l’avocat de Ribéry (?) à la sortie de l’audience. Il estime que le texte de loi sur lequel reposent les charges retenues contre les footballeurs, l’article 225-12 alinéa 1 du Code pénal, est «imprécis». Cet article dit que «le fait de solliciter, d'accepter ou d'obtenir, en échange d'une rémunération ou d'une promesse de rémunération, des relations de nature sexuelle de la part d'un mineur qui se livre à la prostitution, y compris de façon occasionnelle, est puni de trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende». Ce texte créé, assure-t-il, «une présomption irréfragable de minorité», autrement dit, juridiquement irréfutable.

Absence des protagonistes

L’audience s’était ouverte à 13h30 sans la présence des principaux protagonistes de l’affaire. Ribéry et Benzema étaient représentés et Zahia avait retiré sa constitution de partie civile. Il ne restait sur les bancs des prévenus, qu’Abousofiane Mostaïd, surnommé «Abou», un ancien candidat de l’émission «La Nouvelle Star» soupçonné d’avoir joué un rôle d’entremetteur rétribué entre Zahia et les footballeurs. «Trois ans que ça dure, cette histoire. J'espère que ça va s'arrêter. Je suis pressé de tourner la page. La victime dans cette histoire, c'est moi et personne d'autre», a-t-il affirmé à son arrivée. Son avocat, Yassine Bouzrou, a précisé que son client «ignorait l'âge de Zahia au moment des faits» et qu'il avait certes été le lien entre les clients et la jeune femme, mais qu'il n'avait pas touché d'argent. «Il le faisait au titre de relations d'amitiés et conteste être un proxénète».

A ses côtés, les frères Forhat, anciens gestionnaires du Zaman Café, un établissement de nuit des Champs-Elysées qui, selon l’accusation, prospérait grâce à des jeunes femmes, majoritairement prostituées. Eux sont poursuivis pour proxénétisme aggravé et risquent dix ans de prison.

Même si le parquet avait requis un non-lieu au bénéfice de Ribéry, le juge d’instruction l’a renvoyé devant le tribunal correctionnel, considérant qu’il ne pouvait pas ne pas savoir que Zahia était mineure. «Je note qu’on en a sans doute trop fait pendant l’instruction. On assiste à présent à la manifestation de ce dérapage», a estimé de son côté Sylvain Cormier, l’avocat de Karim Benzema qui est soupçonné d’avoir eu une relation sexuelle, qu’il conteste, avec Zahia dans un hôtel parisien après la soirée de remise des Oscars en 2008.