POLICERéforme du renseignement: Manuel Valls compte «gagner en efficacité»

Réforme du renseignement: Manuel Valls compte «gagner en efficacité»

POLICELe ministre de l'Intérieur veut renforcer et mieux coordonner les services...
William Molinié

William Molinié

Après l’affaire Merah, les violences au Trocadéro pour le sacre du PSG ou encore l’agression d’un militaire à La Défense, les policiers attendent la «première vraie réforme structurelle» de Manuel Valls. Le ministre de l’Intérieur doit présenter ses orientations pour renforcer les services de renseignement et gagner en efficacité. Les représentants de la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), de la sous-direction de l’information générale (SDIG, ex-RG), gendarmes et syndicalistes sont convoqués Place Beauvau ce lundi à 15h.

Pourquoi réformer le renseignement?

Cette réforme, très attendue chez les policiers, survient après plusieurs mois de troubles au sein des services de renseignement, critiqués pour ne pas avoir su prévenir à temps le passage à l’acte d’islamistes radicalisés ou des débordements lors de manifestations de voie publique.

Globalement, les critiques les plus récurrentes sont le cloisonnement des services, les mauvaises exploitation et transmission des informations. «Sur le terrain, le renseignement est pris. Mais la gestion du travail n’est pas optimisée», explique Philippe Capon, secrétaire général du syndicat Unsa-Police.

Par exemple, dans l’affaire du militaire agressé à La Défense par un jeune converti à l’islam, les policiers de la SDIG des Yvelines avaient détecté l’agresseur. Mais l’information n’avait pas vraisemblablement été exploitée par la DCRI.

Comment s’organisent les services de renseignement?

La dernière réforme date de 2008, avec la création de la DCRI (3.000 policiers), sous le contrôle de la direction générale de la police nationale (DGPN). Cette entité est née de la fusion des Renseignements généraux (RG) et de la DST (contre-espionnage). La DCRI est chargée du terrorisme et du contre-espionnage.

Parallèlement, d’autres policiers issus, eux aussi, des ex-RG sont partis à la sous-direction de l’Information générale (Sdig), rattachée à la direction centrale de la sécurité publique (DCSP). Ils sont affectés à un renseignement plus traditionnel comme les violences urbaines, l’islam radical ou encore les mouvements sociaux.

Quelles «orientations»?

Si Manuel Valls peut s’appuyer sur deux rapports parlementaires récemment rendus publics à ce sujet, il n’a laissé transpiré jusqu’à présent aucune piste. Plusieurs sources syndicales et policières évoquent un changement de nom pour la DCRI en direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), qui serait désormais rattachée directement au ministre de l’Intérieur. Cela permettrait de gagner en rapidité tout en réduisant le nombre d’intermédiaires dans les prises de décision. Son périmètre d’action serait inscrit dans la loi et sous le contrôle des parlementaires et du gouvernement.

Concernant les policiers de l’information générale, à priori, ils devraient rester sous la houlette de la DCSP mais leurs doctrine et philosophie d’emploi pourraient être précisées. Leur nom aussi pourrait changer. «Il faut absolument valoriser leur travail. Ils n’ont pas accès aux fichiers et ne savent pas si leurs notes sont exploitées», regrette Philippe Capon.

Quelles que soient les orientations prises ce lundi par le ministre de l’Intérieur, cette réforme est jugée «ultra-sensible». Beauvau va devoir réconcilier, rendre plus opérationnel et mieux coordonner ces deux entités du renseignement. D’un côté, les SDIG estimant avoir été délaissés du «renseignement» -au sens noble du terme- au profit du géant qu’est la DCRI. Et de l’autre, les agents de la «Centrale» agrippés à leur domaine de prédilection, le terrorisme.