DECRYPTAGEJeu vidéo: Les gamers passent en mode rétro

Jeu vidéo: Les gamers passent en mode rétro

DECRYPTAGEPlongée dans le phénomène du rétrogaming, à l'occasion d’une vente aux enchères retraçant quarante ans de jeu vidéo, ce jeudi à Paris...
Mathieu Gruel

Mathieu Gruel

Pong, Mario, Atari, Nes... Ces noms qui fleurent bon la console 8 bits ne disent peut-être rien à certains. Ils devraient pourtant attirer la foule, ce jeudi à 18h salle VV à Paris (9e).

Une vente aux enchères consacrée à l'univers du jeu vidéo y rassemblera 350 lots, parmi lesquels des bornes d’arcade, des jeux mythiques ou des illustrations réalisées par des artistes travaillant dans l’univers du jeu vidéo. «C'est la première vente de ce type au monde», s'enthousiasme Camille Coste, 28 ans, expert de la vente qu’il a mitonnée pour la maison Millon.

Un phénomène qui s’amplifie

Et cette grande première «s'annonce très bien». Car le jeu vidéo n’échappe pas à la mode du vintage, alors même que sont présentées, ces jours-ci à l’E3 de Los Angeles, les consoles dernier cri de Sony ou Microsoft.

Ce concept du rétrogaming, qui consiste à jouer avec des consoles d'anciennes générations, s'est même installé dans les mœurs. «Ce n’est plus un simple effet de mode. Le phénomène a même tendance à s'amplifier depuis quatre à cinq ans», analyse Régis, qui gère depuis huit ans le magasin Rétrogame à Paris.

Selon lui, «l'expérience de jeu, différente, qui se mêle à une forme de nostalgie», seraient les principaux moteurs de ce retour de hype, dont bénéficient ces vieux jeux vidéo à l’heure de la dématérialisation des supports.

Madeleine de Proust

Mais aux côtés de ces «hardcore gamers», qui dépensent sans compter pour se payer leur madeleine de Proust version pixels, s’est développé un nouveau type de collectionneur.

Âgé de 25 à 35 ans en moyenne, passionné par le côté artistique du jeu vidéo -que certains présentent comme le 10e art- il aime dénicher la console ou le jeu culte, qu’il garde ensuite bien planqué chez lui.

Un empilement dans les armoires qui n’est pas sans poser problème, puisque les produits disponibles sur le marché ont tendance à se raréfier. «Notre challenge va être de trouver de nouveaux stocks. Les gens gardent de plus en plus», détaille en effet le gérant du magasin. Car un jeu en parfait état verra son prix grimper. «Même s’il n’existe pas véritablement de cote», décrypte Régis.

Intérêt des musées

Lors de cette vente, certaines pièces comme la toute première console sortie en 1972, la Magnavox Odyssey, ou le jeu «Goldeneye 007» sur Nintendo64, proposé dans son emballage d'origine et estimé entre 12.000 et 15.000 euros, devraient ainsi faire grimper les enchères.

Et l’intérêt récent de certaines institutions comme le Strong, un groupement de musées de l’Etat de New York qui a acheté pour plusieurs centaines de milliers d’euros la collection d’un geek français, ne devrait pas aider à faire redescendre des prix, «qui montent en flèche sur le Net», remarque Camille Coste.

Après avoir intégré les musées et les salles de vente, le phénomène a donc de beaux jours devant lui. «Une deuxième vente de ce genre pourrait d’ailleurs être envisagée rapidement», confie Camille Coste. «Peut-être dès novembre».