Droite radicale: Dissoudre les groupuscules, une action purement symbolique?
SOCIETE – Alors que le Premier ministre a demandé d'étudier la dissolution des JNR, les spécialistes remettent en cause l’efficacité de cette mesure...Matthieu Goar
Frapper fort contre les groupuscules. Voilà la consigne laissée par Jean-Marc Ayrault à ses ministres, Christiane Taubira et Manuel Valls. Après avoir demandé jeudi de «tailler en pièces ces mouvements d'inspiration fasciste et néonazie qui font tort à la République», le Premier ministre a annoncé samedi qu'une procédure contre le groupuscule Jeunesses nationalistes révolutionnaires allait être engagée «immédiatement».
Mis en cause par des proches de Clément Méric, les JNR, sorte de milice du regroupement skinhead Troisième voie, n’aurait pas de «structure juridique» selon le meneur de cette bande, Serge Ayoub qui continue à nier que les quatre suspects faisaient partie de son mouvement. Pour dissoudre ce groupe, la Place Beauvau devrait dégainer l'article 212.1, issu de la loi sur les ligues votée en janvier 1936, qui permet à l’Etat d’interdire tout regroupement qui prône la «discrimination, la haine, la violence envers une personne ou un groupe de personnes».
«Une réponse politique à court terme»
Mais c’est l’efficacité-même de cette dissolution qui est remise en cause par les spécialistes. «Il s’agit d’une réponse politique à court terme mais elle n’au aucune utilité en terme d’efficacité policière. L’essentiel est surtout de les surveiller par un travail de renseignements et d’infiltrations», résume Nicolas Comte, secrétaire général adjoint du syndicat Unité SGP Police-Force Ouvrière.
En France, les derniers groupements politiques à avoir été dissous ont été Forsane Alizza, les «Cavaliers de la Fierté» qui entendaient établir la charia sur le sol français et interdits en 2012, la Tribu Ka, groupuscule antisémite bloqué en 2006 mais aussi Unité Radicale dont l’un des membres, Maxime Brunerie avait tenté d’assassiner Jacques Chirac en 2000.
Reformations sous d’autres noms
«La dissolution est un geste purement symbolique. Le principe de ces groupes est qu’ils se reforment très rapidement sous un autre nom. Après sa dissolution, la Tribu Ka était devenue le Mouvement des damnés de l’impérialisme. Après 1968, l’Ordre nouveau est devenu Occident, Jeune Europe s’est transformé en Œuvre française», résume Stéphane François, spécialiste des droites radicales et associé au laboratoire Groupe sociétés religions laïcités (GSRL) du CNRS.
Dissous en 2003, Unité radicale a disparu. Mais ses membres ont très vite créé le Bloc identitaire qui regroupe plusieurs organisations distinctes. Comme ça, si l’Etat a dans l’idée de dissoudre une des associations, l’édifice du Bloc tiendra toujours debout.