Mort de Clément Méric: Qui sont les JNR en passe d'être dissoutes?

Mort de Clément Méric: Qui sont les JNR en passe d'être dissoutes?

EXTREME DROITE – Les Jeunesses nationalistes révolutionnaires vont être dissoutes, a annoncé Jean-Marc Ayrault...
Nicolas Beunaiche

Nicolas Beunaiche

Un groupuscule politique en passe de devenir un «groupe de combat». Les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), si elles n’ont pas véritablement de statut ni de structure juridique, sont pourtant clairement dans le viseur du gouvernement, qui a annoncé samedi son intention de dissoudre ce mouvement prônant la «discrimination, la haine, la violence envers une personne ou un groupe de personnes».

«Des hommes décidés, sportifs et aguerris»

Les JNR, fondées en 1987 par Serge Ayoub, alias Batskin, et Jean-Gilles Malliarakis, ne sont aujourd’hui pas une entité politique à proprement parler, mais un service d’ordre pour un autre mouvement lancé par le même Ayoub, Troisième voie. «Les JNR, ça n’existe pas», explique d’ailleurs ce dernier. Une manière de dire que l’on ne peut dissoudre un mouvement qui n’a pas de définition juridique.

Lancé en 2010, Troisième voie compterait «4.000 sympathisants et 1.000 adhérents», assure Ayoub. Quant aux JNR, elles seraient composées d’«une trentaine de membres», «âgés d’une quarantaine d’années», «tous skinheads au style très musclé, vêtus de noir, pour certains d'entre eux aux tatouages impressionnants», selon Le Figaro. Un profil stéréotypé assumé par le groupe, qui se dit composé «uniquement d’hommes décidés, sportifs et aguerris».

Son objectif officiel, selon le site du mouvement: «Donner une structure aux travailleurs dans le cadre révolutionnaire du mouvement Troisième voie». Un vocabulaire typique des extrêmes –droite, en l’occurrence-, entre nationalisme radical et anticapitalisme virulent, et qui s’accompagne d’un discours très musclé. Car derrière l’objectif politique se cache surtout une logique belliqueuse. Ainsi les JNR revendiquent-elles une «présence continuelle dans la rue» et un rôle d’«anticorps social» et de «bouclier de son peuple contre les attaques de la réaction et des valets du capital mondialisé».

Des relations compliquées avec le FN

Ces dernières années, ses membres s’étaient faits plutôt discrets sur la scène médiatique, se contentant de défiler, notamment en mai lors du rendez-vous annuel de l’extrême-droite radicale. Si Serge Ayoub a bien appelé à voter pour Marine Le Pen lors de la dernière élection présidentielle, les JNR sont restées à distance du Front national, dont la présidente essaie de toute façon d’estomper l’image sulfureuse du parti. Lors de la mobilisation contre le mariage pour tous, les JNR, bien qu’hostiles au projet de loi, ont par ailleurs décidé de ne pas manifester -tout du moins officiellement- dans les rangs de La Manif pour tous.

Pourtant, malgré cette relative discrétion -la police soupçonne tout de même les quatre casseurs présumés du bar gay de Lille d'appartenir aux JNR-, le sort de la mouvance semble bien scellé. Une conséquence de la mort de Clément Méric, dont Serge Ayoub assure pourtant qu’elle n’a pas été causée par des membres de son service d'ordre? Pas seulement. Interrogé par l’AFP sur le projet de dissolution du groupe, un conseiller de Jean-Marc Ayrault a confié qu’ils étaient «sur les JNR au-delà de ce qui s'est passé» mercredi à Paris. Ce dernier assure ainsi que «des éléments de renseignement laissent notamment penser que les JNR étaient en passe de constituer un “groupe de combat”». Une condition qui ouvre la voie à une éventuelle dissolution, en vertu du Code de la Sécurité intérieure.

Désormais, le groupe aura «une dizaine de jours», selon Matignon, pour s’opposer aux éléments dont dispose l’Etat. Dans le cas contraire et si la procédure aboutit, la dissolution sera ensuite prononcée par décret du chef de l'Etat présenté en conseil des ministres. Un avertissement lancé à l’extrême droite radicale qui pourrait déboucher sur d’autres dissolutions, notamment de Troisième voie.