ENQUÊTELes enquêteurs cherchent à établir les circonstances de la mort de Clément Méric

Les enquêteurs cherchent à établir les circonstances de la mort de Clément Méric

ENQUÊTEinq personnes sont toujours en garde à vue, alors que l'autopsie du militant a révélé qu'il était décédé des suites de plusieurs coups...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Acte prémédité ou bagarre qui a mal tourné? Les enquêteurs cherchaient ce vendredi à établir les circonstances de la mort de Clément Méric, qui a fait descendre des milliers de personnes dans la rue et amené les autorités à interdire un rassemblement d'extrême droite à Toulouse.

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Selon les premiers résultats de l'autopsie, le jeune homme est décédé des suites de plusieurs coups qui lui ont été portés, pas du choc sur un plot métallique, a-t-on appris de sources proches de l'enquête. Selon une des sources, il n'est pas démontré en l'état des investigations que les coups aient été portés avec un coup de poing américain, comme cela avait pu être évoqué.

Cinq personnes de 19 à 32 ans, dont une femme, gravitant dans les milieux d'extrême droite, restaient en garde à vue vendredi à 18h00. Un homme de 37 ans avait été libéré en milieu de journée. Deux autres, dont une femme de 22 ans et un homme de 27 ans, ont été relâchés dans l'après-midi.

Groupuscule d'extrême droite

L'un des auteurs présumés des faits, un skinhead de 20 ans, né à Cadix en Espagne, avait été interpellé jeudi en banlieue parisienne, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). «Tout le monde le connaissait avec son crâne rasé, ses blousons en cuir, ses treillis et ses tatouages, mais à part ça, il n'était pas connu pour des faits de délinquance», déclarait vendredi à l'AFP à son propos le maire d'une commune de l'Aisne où il a grandi.

Selon une source policière, plusieurs des gardés à vue sont connus comme proches du groupuscule Troisième Voie et de son service d'ordre, les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), dont le leader, Serge Ayoub, a nié toute implication dans cette affaire.

Serge Ayoub, 48 ans, alias «Batskin», figure de la mouvance skinhead française, a été entendu pendant deux heures par la police vendredi après-midi dans un commissariat du XVIIème arrondissement de Paris. A sa sortie, il a affirmé que les personnes interpellées «ne faisaient pas partie des JNR».

Établir les responsabilités

Interrogé sur les raisons qui ont poussé les personnes impliquées dans la bagarre à l'appeler pendant la nuit suivant les faits, Serge Ayoub a répondu: «Il faudra leur demander.» Dès jeudi matin, Serge Ayoub avait livré à l'AFP une version très détaillée de la bagarre, expliquant que les militants d'extrême droite sur les lieux du drame «n'avaient qu'une seule envie, de s'en aller».

Le procureur de la République de Paris, François Molins, a prévu de tenir samedi matin une conférence de presse sur cette affaire.

La police compte sur l'interrogatoire des suspects, sur l'audition de témoins et l'exploitation de la vidéosurveillance, ainsi que sur l'autopsie de la victime, pratiquée vendredi matin, pour établir les responsabilités dans l'altercation survenue mercredi à la sortie d'une vente privée de vêtements de marques entre deux groupes de jeunes, les uns d'extrême droite, les autres d'extrême gauche.

Hommage au jeune homme

Etudiant à Sciences Po originaire de Brest, militant antifasciste («antifa») engagé et membre du syndicat Solidaires, Clément Méric avait été transporté mercredi soir à l'hôpital dans un «état désespéré». Son décès a été annoncé jeudi.

Rapidement, des rassemblements étaient organisés en hommage au jeune homme, tandis que la classe politique condamnait unanimement cette agression qui, d'emblée, pour le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, portait «la marque de l'extrême droite».

Dans la soirée, plus de 15.000 personnes ont manifesté, à Paris comme en province, aux cris de «Clément, Clément, antifa!», «No pasaran!» ou «pas de fascistes dans nos quartiers, pas de quartier pour les fascistes».

«Idées nauséabondes»

Interrogé vendredi matin sur RMC, Manuel Valls a répété que des groupuscules d'extrême droite seraient «sans doute dissous» car, a-t-il dit, la République doit «s'attaquer aux idées nauséabondes qui nous rappellent les pires heures de notre histoire».

Malheureusement, a-t-il déploré, ce type de mouvement «raciste, antisémite et homophobe», est «en train de resurgir», certains ayant refait surface à la faveur des récentes manifestations contre le mariage homosexuel.

Première annonce officielle de ce type depuis la mort de Clément Méric, les autorités ont interdit vendredi un rassemblement prévu samedi à Toulouse par les Jeunesses nationalistes, organisation d'extrême droite distincte des JNR de Serge Ayoub. La préfecture de Haute-Garonne a fait valoir les «risques importants de trouble à l'ordre public».