SOCIALA PSA Aulnay, l’indemnité pour les salariés grévistes ne fait pas l’unanimité

A PSA Aulnay, l’indemnité pour les salariés grévistes ne fait pas l’unanimité

SOCIALCe mardi, après quatre mois de grève, les grévistes de PSA ont repris le travail après un accord trouvé vendredi avec la direction…
Romain Lescurieux

Romain Lescurieux

Accueillis par la grisaille, ils restent mobilisés jusqu’à la dernière minute. «Nous avons fait une manifestation dans les ateliers de l’usine pour terminer cette grève collectivement», se réjouit Jean-Pierre Mercier, délégué syndical CGT à l’usine PSA Aulnay-sous-Bois. Ce mardi, après plus de quatre mois de grève, les 210 derniers salariés grévistes de l’usine ont repris le chemin du travail. Sous la pluie mais «la tête haute», déclare Jean-Pierre Mercier.

Vendredi, la direction et la CGT ont trouvé un accord débouchant sur une suspension de grève. En effet, en échange de son renoncement à contester le plan de restructuration de PSA, la CGT a obtenu l'annulation des poursuites pénales et disciplinaires contre les grévistes ainsi que le non-comptage des jours de grève pour le calcul de la prime de treize mois.

«Nous sommes fiers d’avoir fait grève pendant quatre mois et d’avoir imposé à la direction l’amnistie totale pour toutes les plaintes engagées contre les salariés grévistes», réagit-il devant les grilles de l’usine. «Nous avons fait mettre un genou à terre à la direction», lâche de son côté Salah Keltoumi, délégué CGT, «menacé» selon lui de licenciement durant la mobilisation. Mais une dernière mesure fait débat entre les salariés eux-mêmes.

«Cette indemnité est une injustice»

Les grévistes qui accepteraient de quitter l'entreprise avant le 31 mai bénéficieraient d'une indemnité exceptionnelle de près de 20.000 euros. Sur le parking, des salariés non-grévistes contestent ces «bénéfices». «C’est une discrimination. Une injustice», assène Abdelkarim (1), un salarié qui n’a pas pris part à la mobilisation. «Les grévistes s’en sortent mieux que ceux qui sont restés travailler. La direction a payé car elle n’en pouvait plus», rajoute-t-il, désabusé.

Khalil se sent également «trahi» par l’action de syndicats mais relativise: «Ce n’est pas normal mais quand on réfléchit bien, ceux qui vont toucher cette indemnité vont directement aller au Pôle emploi.» Lui hésite encore entre chercher un emploi en externe ou rester dans le groupe, mais il reste certain que cette indemnité n’est pas un pari sur l’avenir. «Trouver un CDI dans cette situation est loin d’être gagné», conclut-il.

«Nous n’avons pas encore déposé les armes»

«Ils ont raison de parler d’injustice», indique Jean-Pierre Mercier. «C’est scandaleux de ne proposer cette indemnité de 20.000 euros qu’aux 210 grévistes.» Il indique qu’avec les membres CGT ils sont «prêts à se battre pour que tout le monde obtienne une égalité de traitement».

«Nous continuons la lutte auprès des grévistes et non-grévistes», affiche Salah Keltoumi. «Nous avons ouvert une brèche. Nous utilisons le terme de suspension de la grève car nous n’avons pas encore déposé les armes». Et ce, principalement dans l’optique de l’autre «bataille»: les accords de compétitivité. Mais également dans le cadre du PSE (plan de sauvegarde de l’emploi) «qui va s’étaler encore durant plusieurs mois», conclut-il.

(1) Le prénom a été modifié