EDUCATIONComment refonder le premier degré?

Comment refonder le premier degré?

EDUCATIONLe Sénat s'attaque mardi au projet de loi pour la refondation de l'école, déjà adopté par l'Assemblée, qui fait la part belle au premier degré…
Dans une classe de maternelle à Strasbourg.
Dans une classe de maternelle à Strasbourg.  - G. VARELA / 20 MINUTES
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

Les premières années d’école sont décisives. C’est pour cette raison que le projet deloi sur la refondation de l’école, déjà adopté par l'Assemblée et dont l’examen au Sénat démarre ce mardi, donne la priorité au premier degré (maternelle et primaire). Avec pour objectif de mieux assurer l’apprentissage des fondamentaux et de réduire les inégalités scolaires des écoliers sur le territoire.

Une priorité manifeste à observer le rééquilibrage des moyens en faveurs du premier degré. Ainsi sur les 54.000 postes qui seront créés au cours du quinquennat, 20.000 seront affectés au premier degré. Une manière de remédier au déficit d’encadrement à l’école primaire. Car la France dépense en moyenne 30 % de moins pour chaque élève du primaire, que la moyenne des pays de l’OCDE.

« Plus de maîtres que de classes »

Ainsi, 7.000 de ces postes seront consacrés au dispositif «plus de maîtres que de classes», qui permettra de développer des pratiques pédagogiques innovantes dans les zones difficiles. Ces enseignants supplémentaires devront axer leur action sur l’apprentissage des fondamentaux (lecture, écriture, calcul) par les élèves.

Une mesure qui permettra le travail en petits groupes au sein de la classe par exemple, afin de mieux prendre en compte les disparités de niveaux scolaires des plus petits. «Mais pour que cette mesure soit un levier d’innovation pédagogique, il faudra que les inspecteurs d’académies aient les équipes d’enseignants à construire leur projet», prévient Christian Chevalier.

Davantage de moins de trois ans à l’école

Par ailleurs, 3.000 postes seront destinés au développement de l’accueil en maternelle des enfants de moins de trois ans, particulièrement dans les secteurs de l’éducation prioritaire. Car, selon plusieurs sociologues de l’éducation, la scolarisation précoce est un moyen de favoriser la réussite scolaire des enfants qui évoluent dans un environnement social défavorisé. Or, le taux de scolarisation des enfants de moins de trois ans n’est que 11% aujourd’hui et elle reste très inégale sur le territoire.

Reste à savoir si ces mesures seront suffisantes pour endiguer l’échec scolaire. Car pour l’heure, à l’entrée au collège, 15% des élèves français connaissent déjà des difficultés sévères ou très sévères et 25% ont des acquis scolaires fragiles. «Ce qui ressort de l’étude Pisa de l’OCDE c’est que les difficultés scolaires s’enkyste dans certains établissements. Si l’on met le paquet sur ceux là, on devrait logiquement constater des progrès lors de la prochaine évaluation», estime pour sa part Christian Chevalier, secrétaire général du SE-Unsa.

Mais la priorité au primaire, largement affichée par le ministre de l’Education, Vincent Peillon, devrait aussi générer son lot de déçus: «dans les classes qui ne se situent pas dans les établissements les plus en difficulté, les moyens ne seront pas renforcés, ce qui risque de ne pas être très bien perçu par tous les parents et les enseignants», souligne Christian Chevalier.