Les parents doivent être en capacité de «recueillir l’angoisse des enfants»

Les parents doivent être en capacité de «recueillir l’angoisse des enfants»

INTERVIEW – Nicole Garret-Gloanec est pédopsychiatre au CHU de Nantes et présidente de la Fédération Française de Psychiatrie et invite les parents à ne pas rester sidérés pour être en capacité de «recueillir l’angoisse des enfants»...
Propos recueillis par Lucie Romano

Propos recueillis par Lucie Romano

Comment accompagner les enfants après cette épreuve?

La meilleure réponse, c’est la réponse qui vient des parents. Ils sont les plus disposés à recueillir l’angoisse des enfants. A partir de là, la question est «comment les professionnels peuvent intervenir auprès des parents pour qu’ils entourent le mieux possible leur enfant?» Les parents peuvent être sous le coup de l’effroi, complètement affolés à l’idée que leur enfant ait pu assister à une telle scène. Et rester sidérés, ce qui les empêcherait d’être en capacité de répondre à leur enfant. Dans un second temps, les professionnels peuvent permettent aux adultes et aux enfants d’en reparler, à distance de l’événement.

Quel impact aura cet événement sur les enfants?

Pour les enfants, c’est un événement particulièrement dur mais qui fait partie de la vie. Son impact sur eux sera variable en fonction de leur histoire, de la culture de chaque famille, de leur représentation de la mort. Je n’ai jamais été confrontée au cas de figure d’un suicide dans une école. Je dirais que l’effet immédiat peut être équivalent à celui vécu face à un accident ou à un acte particulièrement violent. Il y a la même dimension d’effroi, une volonté d’agressivité en plus.

Ils peuvent facilement digérer l’événement?

Les enfants savent ce que c’est de tirer, de tuer. Par ailleurs, dans des tas de pays, certains sont confrontés à la guerre. Le psychisme n’est jamais prêt à accueillir ce genre d’événement, c’est le cas pour un adulte, et plus encore pour un enfant. L’événement fera date dans leur esprit. Mais cela n’aboutira pas forcément sur des blessures aux conséquences négatives. Tout traumatisme peut être transformé. Ceux qui n’ont pas trop de fragilités, cela ne les empêchera pas de bien grandir. Pour ceux qui ont déjà des fragilités et vécu d’autres traumatismes, cela peut réveiller des choses de leur propre histoire.

Les faits

Un homme de 51 ans s'est suicidé dans le hall d'une école primaire, jeudi matin à Paris, à l'aide d'un fusil à canon scié. Une dizaine d'enfants ont assisté à cette scène d'une extrême violence.