Niveau de vie: Les Français sont de plus en plus pauvres
ENQUETE – Une étude de l'Insee démontre que le niveau de vie de 95% des Français a diminué en 2010...Céline Boff
La crise de 2008 a-t-elle affaibli les Français? En 2009, pas vraiment: leur niveau de vie avait, en moyenne, continué à progresser. La récession avait pourtant été extrêmement forte, mais ses effets avaient été amortis par notre système social et par les dispositifs de soutien décidés par les politiques.
Mais en 2010, tout a changé, comme le révèle la dernière enquête de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Certes, le niveau de vie moyen s’est encore amélioré… Mais uniquement grâce aux 5% de Français les plus aisés. Les très hauts revenus (plus de 36.380 euros par an) sont les seuls à avoir vu leur situation s’améliorer, grâce à une hausse de leurs revenus d’activité et du patrimoine.
Tous les autres ménages ont vu leur niveau de vie baisser. Une première pour les foyers dont les revenus disponibles étaient compris, en 2009, entre 19.360 à 36.380 euros. Si la crise a donc touché 95% de la population en 2010, elle frappe encore plus fortement les foyers les plus modestes. Les ménages jusqu’à 15.400 euros voient leur niveau de vie baisser de -1,3% à -1,6%, contre -0,1% à -0,3% pour les tranches supérieures.
En 2010, 444.000 personnes ont basculé sous le seuil de pauvreté
Si la situation s’est dégradée en 2010, c’est surtout parce que plusieurs dispositifs d’aides sont arrivés à échéance. Les prestations sociales ont malgré tout permis d’éviter le pire: sans elles, les personnes disposant de moins de 10.500 euros auraient perdu, chaque année depuis 2008, 4,6% de niveau de vie. Il n’a baissé «que» de 1,2% par an.
Ce rempart n’empêche toutefois pas la pauvreté de gagner du terrain. En 2010, 444.000 personnes ont basculé sous le seuil de pauvreté (964 euros par mois) –c’est l’équivalent d’une ville comme Toulouse. Au total, la France comptait alors 8,6 millions de pauvres, dont 2,7 millions d’enfants. Le taux de pauvreté des moins de 18 ans atteint désormais 19,6%. Autrement dit, un enfant sur cinq est aujourd’hui pauvre en France.
Et à la question de savoir s’il vaut mieux travailler ou être au chômage ou inactif pour s’en sortir, l’enquête apporte une réponse: si la pauvreté touche 3% des enfants qui vivent dans une famille où au moins un parent travaille, elle touche 39% des enfants qui vivent dans un foyer où personne ne travaille.