Montigny-lès-Metz: Francis Heaulme, un «coupable de substitution» pour la famille d'un des enfants

Montigny-lès-Metz: Francis Heaulme, un «coupable de substitution» pour la famille d'un des enfants

JUSTICE – La famille de l’un des deux enfants tués à Montigny-lès-Metz en 1986 estime qu'il est «un peu facile» de mettre le double meurtre sur le dos de Francis Heaulme…
Vincent Vantighem

Vincent Vantighem

Cela fait des années qu’ils refusent d’y croire. Et leur position n’a pas changé d’un iota. La famille d’Alexandre Beckrich, l’un des deux enfants tués à coups de pierre à Montigny-lès-Metz en 1986, redoute que Francis Heaulme, renvoyé ce jeudi devant une cour d’assises, ne soit finalement qu’un «coupable de substitution». «Il faut se souvenir que Patrick Dils a été acquitté en 2002 parce qu’on avait découvert la quasi-signature criminelle de Francis Heaulme dans cette affaire, explique ainsi Dominique Rondu, l’avocat de la famille Beckrich, contacté par 20 Minutes. Mais cette quasi-signature n’a pas été démontrée au fil des années.»

Un non-lieu rendu en 2007

L’avocat rappelle ainsi qu’un juge d’instruction avait d’abord rendu une ordonnance de non-lieu en faveur de Francis Heaulme dans cette affaire en 2007. C’était avant que le parquet général ne réclame un supplément d’information qui a conduit, ce jeudi, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Metz (Moselle) a demandé le renvoi du «Routard du crime» devant une cour d’assises pour ce double meurtre.

«En fait, on n’a pas d’éléments probants. On n’a pas de preuve matérielle, pas d’ADN qui explique que ce serait Heaulme, poursuit Dominique Rondu. D’autant que ses déclarations sur les faits ont toujours varié. Au final, il n’a jamais reconnu ce double crime, se contentant de dire que Montigny, ce n’était pas son style.»

«Qu’est ce que ça lui coûterait de dire s’il était coupable?»

Il y a quelques années, Ginette Beckrich, la grand-mère d’Alexandre, était allée jusqu’à se rendre en prison pour discuter avec Francis Heaulme. «Je lui ai parlé. Il m'a dit: “Ils sont après moi pour me faire avouer, mais ça n'est pas moi”. On sait que c'est un tueur, alors qu'est-ce que ça lui coûterait de dire s'il était coupable?» avait-elle expliqué à l’époque.

Quant aux éléments troublants, Dominique Rondu les balaie d’un revers de main. «Il connaît les lieux. C’est normal, il a passé toute son enfance là-bas. La voie ferrée de Montigny se situe entre la maison de son père et celle de ses grands-parents.» Francis Heaulme a également avoué s’être rendu sur le talus où les corps ont été retrouvés. «Mais il n’a pas su indiquer l’endroit exact des corps», poursuit l’avocat. Restent les déclarations des deux pêcheurs, qui ont affirmé avoir croisé Heaulme ce jour-là, le visage en sang. «Il n’avait pas de sang sur ces vêtements. Or avec les projections, il aurait dû en avoir, poursuit l’avocat. L’explication selon laquelle il est tombé sur des cailloux me semble plus plausible.»

«Une nouvelle condamnation n’apporterait rien»

L’avocat redoute maintenant le procès aux assises qui pourrait découler de toute cette affaire. «Si le jury se met à juger Heaulme en fonction de son passé de serial killer et non pas des faits reprochés, cela n’aura pas de sens.» Après être passé six fois devant une cour d’assises, Francis Heaulme a déjà été condamné deux fois à la réclusion criminelle à perpétuité. «Une nouvelle condamnation n’apporterait rien à personne», conclut Dominique Rondu.