JUSTICELa cour européenne des droits de l'homme se penche sur le «Casse toi pov'con»

La cour européenne des droits de l'homme se penche sur le «Casse toi pov'con»

JUSTICECondamné pour avoir retourné la célèbre expression à Nicolas Sarkozy lors d'une manifestation, Hervé Eon a saisi la justice européenne...
Vincent Vantighem

Vincent Vantighem

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) est allée jusqu’à réclamer des informations à la France sur l’origine de l’expression «Casse toi pov’con». Ce jeudi matin, elle doit rendre son arrêt dans la procédure lancée par Hervé Eon. En 2008, ce militant du Parti de gauche a, en effet, été reconnu coupable «d’offense au chef de l’Etat» pour avoir brandi une pancarte sur laquelle était inscrit «Casse toi pov’con» lors du passage de Nicolas Sarkozy à Laval (Mayenne).


30 euros avec sursis

Condamné à trente euros d’amende avec sursis, il a épuisé, sans succès, tous les recours possibles en France avant de se tourner vers la CEDH. «J’ai trouvé ça injuste vu que l’expression venait de Sarkozy à la base, confie Hervé Eon. Et puis, je suis plus âgé que lui. Je pouvais bien lui donner une leçon de politesse.»

Crime de lèse-majesté

Anecdotique de prime abord, l’affaire est plus complexe qu’il n’y paraît. Car elle renvoie dos à dos les tenants du respect dû à la fonction présidentielle et ceux qui militent pour une liberté d’expression totale. «C’est une vraie question, confie Dominique Noguères, l’avocate d’Hervé Eon. La CEDH a déjà eu à la traiter au sujet d’un chef d’Etat étranger. Mais jamais pour un Président français.» (lire l’ci-dessous). Soutenu par Jean-Luc Mélenchon, Hervé Eon espère que l’offense au chef de l’Etat sera simplement retirée du Code pénal. « Pour moi, c’est une résurgence du crime de lèse-majesté », explique-t-il ainsi. En prononçant cette phrase au salon de l’agriculture en 2008, Nicolas Sarkozy ne pensait sûrement pas qu’on en parlerait encore cinq ans plus tard.

Le précédent Le Monde / Hassan II

Condamné pour «offense au chef de l’Etat», Jean-Marie Colombani, directeur du Monde, a finalement eu gain de cause devant la CEDH en 2002. Le roi du Maroc Hassan II avait déposé plainte après la parution d’un article mettant en cause son entourage dans un trafic de drogue.