DSK «dégoûté» après avoir été décrit comme «mi-homme, mi-cochon» dans le livre de Marcela Iacub
LIVRE•La juriste et chroniqueuse revient dans un livre sur sa liaison de sept mois avec l'ancien directeur du FMI...M.Gr.
Elle a décidé de donner quelques clefs de lecture. Dans une interview accordée ce jeudi au Nouvel Observateur -«la seule que je donnerai», précise-t-elle- Marcela Iacub donne quelques précisions sur son livre «Belle et Bête», à paraître le 27 février.
Un livre dans lequel la juriste et chroniqueuse revient sur sa liaison avec Dominique Strauss-Kahn, qu'elle dépeint comme «un être mi-homme, mi cochon». L'affaire du Carlton, sa femme Anne Sinclair, ses liaisons toxiques avec les femmes. Tout y est présenté dans un récit qui mêle l'expérience intime et la réflexion théorique.
«J'étais amoureuse de l'être le plus méprisé de la planète», écrit-elle dans ce livre, qu'elle a commencé à écrire sans le lui cacher, dès le début de leur relation en janvier 2012. A la fin de la liaison, en août de la même année, «le livre s'est écrit tout seul», explique-t-elle. «Je voulais tirer quelque chose d'universel de cette histoire. Montrer des choses qui peuvent toucher tout le monde à propos du désir, du sexe, du dédoublement de chacun d'entre nous entre l'humain et le cochon».
«L’idéal du cochon, c’est la partouze»
Dans ce livre, elle recourt en effet à l'image du cochon. Ce qu’elle explique dans l’interview: «Ce qu’il y a de créatif, d’artistique chez Dominique Strauss-Kahn, de beau, appartient au cochon et non pas à l’homme. L’homme est affreux, le cochon est merveilleux même s’il est un cochon. C’est un artiste des égouts, un poète de l’abjection et de la saleté», détaille l'auteure. «Il fallait que je puisse faire sentir ce dédoublement extrême».
Pour elle «le cochon, c’est le présent, le plaisir, l’immédiat, c’est la plus belle chose qui soit, la plus belle part de l’homme. Et en même temps, le cochon est un être dégueulasse, incapable d’aucune forme de morale, de parole, de sociabilité», raconte-t-elle encore. «L’idéal du cochon, c’est la partouze», poursuit-elle. «Personne n’est exclu de la fête, ni les vieux, ni les moches, ni les petits. […] Alors que DSK m’a toujours semblé être franchement à droite, ce communisme sexuel auquel il aspire en tant que cochon me réjouit.»
La fiction côtoie ainsi la réalité. «Les étapes de la liaison, les lieux, les propos rapportés, tout est vrai», explique-t-elle. Une liaison que Marcela Iacub explique en formulant trois hypothèses. La première, c'est qu'elle «voulait être en mesure d'écrire ce livre». Pour «décrire cet individu», elle a donc procédé «un peu comme on fait un reportage, une enquête de terrain avec des sentiments».
«Je l'ai utilisé au moins autant qu'il m'a utilisée»
Sa deuxième hypothèse d’explication concerne son envie de le sauver. «Et pour sauver, il faut aimer», rapporte Marcela Iacub. Enfin, elle confie qu'avant de le rencontrer, elle était très déprimée et dit comprendre aujourd'hui qu'elle voulait mourir. «Un homme si égoïste, si peu intentionné, qui avait fait du mal à tant de monde pouvait se transformer en l'instrument de ma destruction», analyse-t-elle dans les colonnes du Nouvel Observateur. «Il avait tout pour donner envie de mourir à une femme comme moi. En ce sens, je l'ai utilisé au moins autant qu'il m'a utilisée».
En revanche, «pour les scènes sexuelles, j’ai été obligée de faire appel au merveilleux. Mais si elles sont fausses sur un plan factuel, elles sont vraies sur un plan psychique, émotif, intellectuel», confie l’ex-maîtresse de DSK.
Quant à la femme de Dominique Strauss-Kahn, Anne Sinclair, Marcela Iacub l’a rencontrée «sous un prétexte quelconque» pendant la rédaction de son livre. «Ce n'est pas un procédé très loyal, mais il y avait des choses que je n'arrivais pas à comprendre de la psychologie de DSK», explique-t-elle.
«Il n'y a aucun mal à se faire sucer par une femme de ménage»
Dans son livre, elle rapporte ainsi une phrase tirée de cette rencontre avec Anne Sinclair: «Il n'y a aucun mal à se faire sucer par une femme de ménage». Une phrase qui «m’a un peu effrayé», raconte-elle. Comme si, «pour elle, le monde est séparé entre les maîtres et les serviteurs, entre le dominants et les serviteurs et c'est normal».
Et à quelques jours de la parution, Marcela Iacub dit ne rien regretter. «Au contraire. Je suis reconnaissante à la vie de m'avoir permis d'avoir une expérience pareille. Si horrible, si malsaine, si belle». «Cette histoire m'a fait le plus grand bien. J'ai compris que je ne voulais pas mourir», ajoute-elle.
Le «double dégoût» de DSK
De son côté, Dominique Strass-Kahn n’a pas tardé à réagir après la publication de cette interview, comme le rapporte Le Figaro. Dans une lettre envoyée au fondateur de l'hebdomadaire, Jean Daniel, DSK se dit «saisi d’un double dégoût».
Et d’abord par « celui que provoque le comportement d’une femme qui séduit pour écrire un livre, se prévalant de sentiments amoureux pour les exploiter financièrement». L’ancien ministre critique également le «caractère fantasmatique et donc inexact du récit», pointant «une atteinte méprisable à (sa) vie privée et la dignité humaine».
L’ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI) dénonce enfin «une opération qui donne la nausée» de la part de «l’ancien grand journal de la conscience de gauche» et demande à ses avocats d’ «étudier toutes les voies légales pour combattre cette abomination».
Anne Sinclair aussi a réagi avec véhémence. Dans Le Point, elle publie une lettre ouverte adressée à Laurent Joffrin et Jérôme Garcin -les patrons du Nouvel Observateur-, suite à la publication de l'interview de Malica Iacib. «Vous accréditez la manoeuvre d'une femme perverse et malhonnête, animée par la fascination du sensationnel, et l'appât du gain», écrit Anne Sinclair, qui se réserve le droit de poursuivre le journal.