Lutte contre le tabagisme: La Cour des comptes pointe l'échec des politiques
SANTÉ•ans un rapport, elle estime notamment que l'action de l'État doit être redéployée en faveur de la prévention...M.Gr. avec Reuters
La politique antitabac en France n'est pas à la hauteur. C'est ce que met en avant la Cour des comptes dans un rapport remis ce jeudi à l'Assemblée nationale, et dans lequel elle pointe des dégats sanitaires et financiers causés par le tabagisme qui progresse à nouveau, en particulier chez les femmes, les jeunes et les personnes les plus pauvres, estime la Cour des comptes.
De ce fait, elle prône la refonte de cette politique, pour enrayer cette hausse en convainquant des dangers du tabagisme et en redéployant les actions de l'Etat. «Fumer tue. Trop de fumeurs ignorent à quel point», a dit son premier président, Didier Migaud, en présentant le rapport. «Un fumeur sur deux décède d'une pathologie liée au tabac.»
Enjeu financier majeur
Quelque 73.000 personnes meurent chaque année à cause du tabac contre 4.000 dans des accidents de la route mais les moyens financiers de communication sont dix fois moins importants contre le tabac que pour la sécurité routière.
«Le tabagisme connaît une inquiétante progression, en particulier chez les femmes, les jeunes et les personnes en situation de précarité», a souligné Didier Migaud, plaidant pour «une vigoureuse campagne pluriannuelle d'information».
Le tabagisme est aussi un enjeu financier majeur pour la France avec un coût d'au moins 12 milliards d'euros par an pour le seul régime général de la Sécurité sociale, et des effets financiers indirects et différés plus considérables encore.
Augmenter les prix
Selon Didier Migaud, «les moyens de l'Etat ont été mobilisés de façon trop importante pour le soutien aux buralistes», créant un effet d'aubaine qui «met en évidence le poids toujours important des intérêts économiques et financiers qui viennent émousser les efforts de lutte contre le tabagisme».
La Cour estime que l'action de l'Etat doit être redéployée en faveur de la prévention, de l'aide à l'arrêt du tabac et du renforcement des contrôles de l'interdiction de la vente aux mineurs ou de l'interdiction de fumer dans les lieux publics.
Elle recommande en parallèle d'augmenter les prix de façon «suffisamment marquée pour provoquer (...) une baisse effective et durable de la consommation» de tabac. La fiscalité sur le tabac apporte près de 15 milliards d'euros par an, dont 11,5 milliards à la Sécurité sociale mais «les bénéfices à long terme qui pourraient être tirés d'une forte diminution de la consommation de tabac, même d'un strict point de vue financier, dépassent largement la perte de fiscalité qui en résulterait», a ajouté Didier Migaud.