Un système de blanchiment stupéfiant

Un système de blanchiment stupéfiant

Faits divers Un réseau international impliquant des notables parisiens a été démantelé
William mOlinié

William mOlinié

Les « cols blancs » opéraient comme des blanchisseurs. Les policiers spécialisés de la lutte contre les stupéfiants et ceux de la grande délinquance financière ont fait tomber la semaine dernière un vaste réseau de drogue accolé à un système de blanchiment d'argent, dont huit nouvelles personnes ont été mises en examen samedi, portant à dix-sept le nombre d'individus impliqués – sept ont été écroués.

Echanges d'argent discrets
« Au début, c'est une enquête qui démarre de façon classique sur un banal réseau de trafiquants de drogue. Rapidement, les policiers s'aperçoivent qu'il y a des mouvements de personnes et d'échange d'argent qui ne sont pas habituels », explique à 20 Minutes, Jean-Marc Souvira, patron de l'Office central de répression de la grande délinquance financière (OCRGDF). D'un côté, le trafic de drogue venant du Maroc et la revente de haschisch en France. De l'autre, des notables parisiens, dont Florence Lamblin, une adjointe EELV au maire PS du 13e arrondissement de Paris, voulant disposer de liquidités. Au milieu de ces deux mondes, une fratrie implantée à Genève et des « collecteurs » qui se chargent de livrer l'argent issu du bénéfice de la drogue à ces « clients » tout en leur prélevant des sommes identiques sur leurs comptes offshore en Suisse, alors réinvesties dans des projets immobiliers. (voir infographie) Pendant plusieurs mois, les échanges d'argent se font dans la plus grande discrétion. « Les collecteurs étaient très prudents, quitte à changer trois fois par semaine de téléphone », précise une source policière. De leur côté, les « cols blancs », qui ne se connaissaient pas, ont assuré en garde à vue qu'ils ignoraient l'origine criminelle de cet argent. Tout au plus, seraient-ils, coupables d'une « fraude au fisc », a déclaré à la presse un de leurs avocats. Le parquet de Paris a évoqué des flux financiers de 12 millions d'euros entre mai et octobre. Selon la police, qui a baptisé cette opération Virus, 40 millions d'euros auraient été blanchis en quelques mois.