seriemaniaComment devient-on accro à une série d'anthologie?

«The Girlfriend Experience», «Fargo», «Black Mirror»… Comment s’attache-t-on à une série d’anthologie?

seriemaniaAlors que l’histoire et les personnages changent à chaque saison ou chaque épisode, comment les séries d’anthologie réussissent à fidéliser le spectateur ?….
Anne Demoulin

Anne Demoulin

A chaque saison, une nouvelle histoire, voire à chaque épisode, une nouvelle histoire. A l’heure où la concurrence entre les mastodontes de la fiction est de plus en plus féroce, les séries d’anthologie, comme Fargo, American Horror Story, Easy ou encore Black Mirror, connaissent un engouement sans précédent alors qu’il ne suffit pas d’avoir aimé la saison 1 pour être accro à la suivante. La saison 2 de The Girlfriend Experience, diffusée ce dimanche aux Etats-Unis sur Starz et ce lundi à 21h30 sur OCS Max, fait le pari de changer comme toute anthologie, de personnages, de casting et d’histoire, mais aussi de modifier sa forme narrative et son mode de diffusion, poussant encore plus loin l’expérience de l’anthologie. Comment réussir alors à fidéliser le spectateur ?

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« Deux histoires toujours plus provocatrices »

Alors que la saison 1 de The Girlfriend Experience suivait les aventures de Christine Reade (Riley Keough), une étudiante en droit qui devient escort, la saison 2 du show adapté du film éponyme de Steven Soderbergh accueille non pas une, mais deux nouvelles intrigues. « Nous avons toujours su que nous changerions d’univers à chaque saison, mais Amy Seitmetz et Lodge Kerrigan [les créateurs de la série] ont poussé encore plus loin l’ambition et la complexité de la série en créant deux histoires toujours plus provocatrices », explique Steven Soderbergh, toujours producteur de la série, dans un communiqué.

« Diffuser les épisodes par paire »

Les quatorze épisodes sont divisés pour raconter deux histoires différentes, l’une à Washington D.C., l’autre au Nouveau Mexique. Les épisodes seront diffusés par paire, soit un épisode par arc narratif chaque semaine.

La nouvelle saison suivra d’une part, Erica Myles (Anna Friel, vue dans Pushing Daisies), la directrice financière d’un parti politique qui entame une relation sexuelle avec une call-girl Anna Garner (Louisa Krause deBillions) et d’autre part, Bria Jones (Carmen Ejogo, repérée dans Kidnapped), une escorte haut de gamme qui va mettre en péril la sécurité de sa belle-fille, prise en charge par le Programme de protection des témoins, en reprenant ses activités.

L’histoire d’Erica Myles, entièrement réalisée par Lodge Kerrigan, bénéficie d’une photographie froide et place le spectateur dans la position du voyeur. Celle de Bria Jones, réalisée par Amy Seitmetz, d’une photographie diamétralement opposée, flirte avec les codes du policier.

« Tout est nouveau et étrange »

« Rien, dans cette série, ne suit un processus de création normal. Tout est nouveau et étrange. Diffuser les épisodes par paire est une initiative de la chaîne Starz, et je trouve que c’est une idée de génie. Cela permet de montrer les différentes approches de chaque réalisateur, tout en les laissant explorer les mêmes thématiques », commente Steven Soderbergh.

« Si on reste attaché à une série d’anthologie, c’est grâce à son sujet »

Et justement, « si on reste attaché à une série d’anthologie, c’est grâce à son sujet qui normalement nous attire, car les intrigues ont beau être nouvelles, il n’empêche que ces séries ont un thème qui fait qu’on veut continuer malgré l’absence de repère à chaque nouvelle saison », confie Robin sur le groupe Facebook 20 Minutes Séries.

« Le thème joue beaucoup », confirme Sabrina. Même son de cloche chez Gwen : « c’est la façon dont est tournée la série, le ton ou encore comment est abordé le sujet » qui va captiver le sérievore.

Si l’on ne s’attache pas (ou peu) aux personnages d’une anthologie, il est plus facile de se mettre à la place d’un des héros de Black Mirror que de s’identifier à Don Draper ou à Dawson. Le thème d’une anthologie permet de nous interroger sur le monde qui nous entoure, Black Mirror sur notre rapport aux nouvelles technologies, The Girlfriend Experience sur notre rapport au sexe comme produit de consommation, à la manière de La Quatrième Dimension qui questionnait un monde post-atomique en pleine guerre froide

« On peut y retourner n’importe quand »

Si le showrunner s’accorde une forme de liberté, tant sur le plan formel que de la souplesse de production, en optant pour l’anthologie, ce format offre aussi au spectateur plus de liberté qu’une série feuilletonnante qu’il faut s’astreindre à suivre.

« On peut y retourner n’importe quand », se réjouit Sabrina. « Si l’envie nous prend de commencer par la saison 3, pas de souci », renchérit Robin, qui souligne que l’anthologie « ne s’éternise pas sur des saisons et des saisons ».

« Une histoire plus percutante et plus directe »

Dans une série d’anthologie, « seule l’histoire compte », résume Sabrina. En plein Peak TV, alors que les sériesvores manquent de temps pour visionner leurs séries préférées, les séries d’anthologie, avec leurs histoires courtes sur un ou quelques épisodes, semblent aller « au but rapidement. Chaque épisode ou scène selon la série sera nécessaire au déroulement de l’histoire », se félicite Saloy. « Les séries d’anthologie ont souvent une histoire plus percutante et plus directe », inhérente à sa dimension condensée, apprécie aussi David.

L’anthologie présente un autre avantage pour les spectateurs échaudés par les annulations de série: « à la fin de l’épisode ou de la saison l’histoire est terminée », se réjouit Saloy, qui ne veut pas « rester sur sa faim ». Qu’importe le format, pourvu qu’on ait la fin !