Pluton, une odyssée mouvementée
Diaporama•Nicolas Bégasse
L’humanité peut ajouter une belle prise à son tableau de chasse :
Pluton, dernière des neuf planètes originelles du Système solaire, dont
on ne savait presque rien il y a encore trois jours. Survolée à haute
vitesse (50.000 km/h) et basse altitude (bon, 12.400 km, tout de même)
par la sonde américaine New Horizons mardi 14 juillet, la planète s’est
dévoilée comme jamais auparavant, surprenant les scientifiques par la
variété de ses reliefs et son étonnante activité interne. A cette
occasion, 20 Minutes revient en images sur l’histoire mouvementée de
Pluton et de son visiteur d’un soir, New Horizons.
Réalisation: Nicolas Bégasse
L’humanité peut ajouter une belle prise à son tableau de chasse :
Pluton, dernière des neuf planètes originelles du Système solaire, dont
on ne savait presque rien il y a encore trois jours. Survolée à haute
vitesse (50.000 km/h) et basse altitude (bon, 12.400 km, tout de même)
par la sonde américaine New Horizons mardi 14 juillet, la planète s’est
dévoilée comme jamais auparavant, surprenant les scientifiques par la
variété de ses reliefs et son étonnante activité interne. A cette
occasion, 20 Minutes revient en images sur l’histoire mouvementée de
Pluton et de son visiteur d’un soir, New Horizons.
Réalisation: Nicolas Bégasse
Ce monsieur en élégant costume trois-pièces est Clyde Tombaugh,
astronome américain et découvreur de Pluton en 1930. Sa trouvaille a
rendu fière toute une nation : Pluton est l’unique planète du Système
solaire découverte par les Etats-Unis. Pour une nation qui a fait de
l’espace une nouvelle frontière pendant la Guerre froide, Pluton a une
grande valeur sentimentale. On verra que, comme souvent, l’histoire
d’amour finira mal… Pour l’anecdote, Tombaugh, mort en 1997, sera le
premier homme dont les cendres, placées à bord de New Horizons,
quitteront le Système solaire.
Jusqu’à l’été 2015, on n’avait pas d’idée précise de ce à quoi
ressemblait Pluton, trop éloignée de nos yeux pour se dévoiler. Seul le
télescope spatial Hubble permettra de s’en faire une vague idée, en
2010. Il finira aussi de faire le compte des lunes de la petite planète:
la plus grosse, Charon, découverte en 1978, est accompagnée de quatre
lunes plus petites –Nix, Hydra, Styx et Kerberos. Ces deux dernières
n’ont été détectées qu’en 2013.
Ne pas savoir à quoi ressemble Pluton est trop frustrant. La Nasa décide
de construire une sonde, New Horizons, qui traversera le Système
solaire pour atteindre Pluton et la survoler. Pour aller vite, l’objet
doit être petit et léger. Mission accomplie: la sonde n’est pas plus
grosse qu’un piano et pèse moins de 500 kg.
New Horizons quitte la Terre le 19 janvier 2006, avec à son bord neuf <br/>objets insolites. Ils ajoutent leur poids à la sonde et ne servent à
rien, mais que voulez-vous, la valeur du symbole est plus grande que
celle du pragmatisme.
Quelques mois plus tard, c’est la catastrophe. Alors que la sonde file
vers son objectif, l’Union astronomique internationale (UAI) se réunit à
Prague avec un gros morceau inscrit au programme:
savoir ce qu’est, au juste, une planète. Depuis près de quinze ans en
effet, de plus en plus d’objets transneptuniens, voisins de Pluton, sont
découverts. En 2003, une planète semblable à Pluton, plus massive même,
est découverte. Qu’en faire? Faire passer le nombre de planètes à dix,
puis onze, etc.? Ou trancher la question une bonne fois pour toutes? Le
24 août 2006, le vote a lieu. Le mot planète reçoit une définition plus
restrictive et Pluton quitte le club des grandes, rétrogradée dans le
groupe nouvellement créé des planètes naines.
Pour les Etats-Unis, c’est un crève-cœur. Leur découverte de 1930 perd
symboliquement de sa valeur, et surtout, New Horizons se dirige
maintenant vers un objet mineur du Système solaire. Qu’importe:
l’aventure reste belle, et le chagrin vite oublié. Car nous voici neuf
ans plus tard, le 8 juillet 2015: la sonde envoie cette superbe photo de
Pluton et de sa lune Charon, tournant autour de leur centre de gravité
commun. D’autres suivront.
14 juillet 2015, date tant attendue du survol de Pluton par New
Horizons. Il n’est pas sans danger: la sonde file à 50.000 km/h, et à
cette vitesse, une collision avec un débris de la taille d’un grain de
riz serait catastrophique. Après des heures d’attente, la sonde finit
par envoyer un signal: c’est bon, tout s’est bien passé, on peut laisser
cours à sa joie.
Une joie qui prend évidemment la forme de drapeaux américains brandis.
Pluton est certes une planète naine, semble dire la Nasa, mais c’est
notre planète naine. Et on vient de la frôler avec un bout de métal de
la taille d’un piano. Certains se laissent même aller à penser que
Pluton pourrait un jour retrouver son statut de «vraie» planète. Mais
pour l’UAI, c’est non: le statut de la planète naine est «définitif».
Le 15 juillet, les premières données post-survol arrivent. Et en premier
lieu un zoom photo sur une zone de 250 km (en gris sur la photo) située à la base du fameux
«cœur» de Pluton, rebaptisé «Tombaugh Regio» en l’honneur du découvreur
de la planète.
On y voit des montagnes de glace hautes de 3.500 m et une surprenante
absence de cratère. C’est sûr: Pluton, qu’on croyait éteinte, a
apparemment une étonnante activité géologique.
New Horizons s’est aussi intéressée aux lunes de Pluton. Dans le premier
paquet de données livrées par la sonde le 15 juillet, la minuscule lune
Hydra dévoile ses gros pixels et laisse entrevoir une forme très
irrégulière.
Mais le véritable show est assuré par Charon, balafré de son immense
canyon oriental, couvert d’un sombre pôle nord surnommé le «Mordor», et
lui aussi étonnamment peu marqué par les cratères de météorites.
De quoi donner du travail aux scientifiques de la mission New Horizons,
sur le pont depuis des semaines… et encore pour seize mois au minimum,
temps nécessaire à la sonde pour finir d’envoyer l’ensemble des données
collectées pendant le rapide survol de Pluton.
En attendant, la sonde poursuit son chemin vers la ceinture de Kuiper, remplie de débris et d’objets transneptuniens.