Pourquoi est-ce si compliqué de cloner un humain?
DECRYPTAGE•Sommes-nous si différents des moutons, vaches et autres cochons?Michelle Tsai. Traduction 20minutes
Une équipe de chercheurs a fabriqué, à partir d’un singe adulte, des dizaines d’embryons clonés – une première. C’est ce qu’a rapporté dimanche 11 novembre le quotidien britannique The Telegraph. Beaucoup d’autres sortes d’animaux ont déjà été clonées, des brebis, des chats, des mulets, mais cette dernière grande découverte laisse penser que le clonage humain pourrait être la prochaine étape. Qu’est-ce qui rend les gens si difficiles à cloner?
C’est la procédure pour trouver les œufs humains. Pour cloner un animal, les scientifiques ont besoin de deux cellules: un œuf (un ovule) et une cellule donneuse. Les scientifiques enlèvent le noyau de l’œuf et le remplacent par le noyau d’une autre cellule, la «cellule donneuse». Pour les animaux que nous savons cloner, on peut s’y prendre à plus de 100 fois, avec donc plus de 100 œufs, avant de parvenir à ses fins. Pour développer cette technologie sur de nouvelles espèces, comme les êtres humains, il pourrait y avoir encore plus d’essais et d’erreurs. Cela ne pose pas de problème si les oeufs sont faciles à trouver. Les scientifiques peuvent par exemple se procurer des ovaires de vaches, dans les abattoirs: un seau de 100 ovaires peut donner un milliers d’œufs. Mais pour obtenir des cellules humaines, ils devraient trouver des femmes prêtes à subir à peu près un mois de traitement hormonal, puis une opération chirurgicale pour extraire les ovules. Certes, les femmes qui font des dons d’ovules acceptent déjà tout cela, mais pas gratuitement – la rémunération peut aller jusqu’à 35.0000 dollars (Ndlr : en France, contrairement aux Etats-Unis, le don d’ovule est gratuit). Jusqu’à maintenant, les chercheurs n’ont pas eu assez de cellules d’œufs humains sous la main pour réussir à fabriquer un clone.
Il pourrait y avoir d’autres obstacles au clonage humain, mais personne ne sait vraiment. (Le laboratoire sud-coréen qui a annoncé avoir produit en 2005 onze lignées de cellules embryonnaires avait inventé la plupart de ses données.) En fait, chaque animal pose des problèmes spécifiques, qu’il faut surmonter. A l’origine, les cochons ne pouvaient pas être clonés parce que leurs cellules d’œufs, riches en graisses, apparaissaient noires dans le microscope, et les scientifiques n’arrivaient pas à localiser le noyau qu’ils avaient besoin d’extraire. On sait désormais marquer le noyau et l’illuminer grâce à de la lumière ultraviolette. Le vitellus des œufs d’oiseau (le jaune de l’œuf) est tel qu’il est également impossible de repérer le noyau; c’est la raison pour laquelle aucun oiseau n’a pour l’instant été cloné. Les chiens sont un casse-tête pour le clonage parce que leurs œufs arrivent à maturité dans l’oviducte, pas dans les ovaires, et les scientifiques n’ont pas trouvé comment amener les œufs à maturité en laboratoire. Les taux de réussite peuvent atteindre 50% pour les vaches, mais ils sont de 1 à 3% seulement pour les souris.
Posté le 11 novembre, sur Slate.com