Obèses nés ?
SANTE – Une étude vient de montrer qu’une mutation très répandue dans la population européenne augmente le risque d’obésité…Yaroslav Pigenet
Dans leur chasse aux causes de l’obésité, les scientifiques et les médecins tiennent un nouveau suspect: nos gènes. C’est en tout cas ce que semblent indiquer les résultats d’une très large étude génétique menée par l’épidémiologiste Mark McCarthy et son équipe internationale et publiée cette semaine dans la revue Science.
Une mutation portée par un européen sur deux
Souhaitant à l’origine découvrir les gènes de prédisposition au diabète, les chercheurs ont analysé l’ADN de 69.000 habitants du Royaume-Uni et de Finlande . Ils ont identifié un gène situé sur le chromosome 16, baptisé FTO, dont la mutation semble augmenter significativement le risque d’obésité. En effet, cette mutation - présente dans la moitié de la population européenne blanche- augmente de 30% le risque d’obésité chez son porteur.
Plus d’obèses chez les porteurs
L’équipe de McCarthy a également montré que lorsque la mutation est présente en deux exemplaires –ce qui est le cas de 16% des européens –ce risque est augmenté de 67%. Enfin, ces sujets «double-mutants» pèsent en moyenne 3 kg de plus que les sujets porteurs de deux gènes FTO fonctionnels (35% de la population).
Un mécanisme mystérieux
Bien qu’il espère qu’à moyen terme, sa découverte permettra la mise au point de traitements contre l’obésité, McCarthy reconnait qu’il ne peut pas pour l’instant expliquer la fonction exacte de FTO ni comment ce gène intervient dans la régulation de la prise de poids. D’autres recherches devront notamment déterminer si ceux qui sont porteurs de sa variante mutée brûlent moins efficacement les calories où bien s’ils absorbent moins de nourriture.
Par ailleurs, le chercheur rappelle que même s’il existe une prédisposition génétique à la prise de poids, elle ne peut pas expliquer l’épidémie d’obésité constatée depuis 20 ans: le patrimoine génétique des Européens n’a pas pu changer en aussi peu de temps.