Mission Rosetta: «Vingt ans de travail et tout se joue en quelques secondes»
INTERVIEW•L’astrophysicien Francis Rocard se confie à la veille du jour où le robot Philae doit atterrir sur la comète Churyumov-Gerasimenko...Vincent Vanthighem
A la cité des Sciences de Paris, l’astrophysicien Francis Rocard doit animer la journée consacrée à l’atterrissage programmée du robot Philae sur la comète Churyumov-Gerasimenko, à 510 millions de kilomètres de la Terre. «Je suis un peu tendu», sourit-il. Plus par l’importance de l’événement que par le fait de devoir s’exprimer devant un large public.
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Alors qu’il travaille depuis plus de vingt ans sur cette mission spatiale qui pourrait nous permettre de comprendre comment la vie est apparue sur Terre, il a accepté de se confier à 20 Minutes.
Dans quel état d’esprit êtes-vous?
Un peu tendu. On a fait le maximum depuis vingt ans pour que cette mission arrive à son terme. Et tout va se jouer sur une petite journée. On espère bien sûr tous que cela va marcher et que Philae, le robot, va réussir à atterrir sur la comète. Mais oui, c'est vingt ans de travail et tout se joue en quelques secondes.
C’est l’apogée de votre carrière?
Ce genre d’événements se compte sur les doigts d’une main à l’échelle d’une vie. C’est historique. Il y aura un «avant» et un «après» Rosetta. Cela fait vingt ans qu’on travaille dessus. On a eu le temps de vieillir. Pour l’étude des comètes et tous les amateurs de sciences, c’est un événement extraordinaire.
Aussi important que le premier pas de l’homme sur la Lune?
Non, car on a envoyé un robot dans l’espace. Un événement humain est différent. Il y a une portée dramatique, presque tragique, que l’on ne retrouve pas avec la mission Rosetta. Si la mission est un échec, ce sera terrible mais il n’y aura pas mort d’homme. Le prochain événement à comparer avec le premier pas sur la Lune sera sans doute celle qui conduira des hommes sur Mars. Je l’imagine dans la deuxième moitié de notre siècle.