Elon Musk dévoile l'hyperloop, son projet de transport supersonique
SCIENCES – Des capsules voyageant à 1.220 km/h pourraient permettre de relier Los Angeles à San Francisco en une demi-heure...Philippe Berry
De notre correspondant en Californie,
Imaginez: un Paris-Marseille en 30 minutes, à bord d'une capsule filant dans un tube à basse pression, sans accélération brutale, pour moins de 20 euros. Telle est la vision d'Elon Musk avec son concept d'hyperloop, dévoilé lundi. Déjà bien occupé par ses voitures électriques de Tesla Motors et ses fusées de SpaceX, le milliardaire californien a précisé lors d'une conférence téléphonique qu'il comptait construire un prototype dans les quatre ans, mais qu'il laisserait à d'autres le soin de bâtir une ligne complète.
L'hyperloop, comment ça marche?
L'idée se rapproche des tubes pneumatiques utilisés pour transporter des billets dans les banques ou les supermarchés. Ici, une capsule de 28 passagers circule dans un tube à basse pression, suspendue sur «des coussins d'air pressurisé». Les frictions sont minimales, comme sur une table d'«air hockey», et il est donc possible d'accélérer la capsule sans grande dépense énergétique. Chaque rame embarquerait un compresseur pour les besoins aérodynamiques et une batterie électrique similaire à celle de la Tesla S. Le système de propulsion, par accélération électromagnétique, utilise des aimants placés dans le tube et sur la capsule.
Pourquoi pas le vide absolu?
Car c'est compliqué à maintenir. Le vide permettrait d'aller plus vite, mais à plusieurs milliers de km/h, les passagers encaisseraient trop de G en cas de virage, même léger.
Pourquoi 1.220 km/h?
Pour voyager juste sous la vitesse du son. L'air chaud contrebalance la faible pression, et la géométrie de la capsule, couplée à la présence d'un compresseur, évite la formation d'une onde de choc, selon le document.
Soutenu par des pylônes et alimenté par des panneaux solaires
Creuser un tunnel sur une si longue distance coûte trop cher. Musk mise sur un tube soutenu par des pylônes de six mètres de haut, placés tous les 30 mètres. Le tunnel serait recouvert de panneaux solaires offrant assez d'énergie pour la propulsion, avec un stockage sur batterie pour la nuit et les jours pluvieux, assez rares en Californie.
A quoi ressemblerait un voyage?
Des rames pourraient circuler toutes les deux minutes. Musk propose une version étroite, uniquement pour des passagers, et une autre plus large, dans laquelle il serait possible de monter directement en voiture. Le trajet suivrait celui des autoroutes de l'Etat, pour limiter l'impact sur les terres agricoles. Un Los Angeles-San Francisco serait décomposé en quatre segments:
- le départ, avec une accélération de 0 à 480 km/h sur environ 3 minutes. Le passager est collé à son siège par environ 1G, comme au décollage d'un avion.
- Une portion à vitesse moyenne (890 km/h) dans les montagnes, pendant 4 minutes.
- La vitesse de croisière, à 1.220 km/h, pendant 15 minutes.
- Le freinage progressif, sur 10 minutes.
Et la sécurité?
En théorie, le risque d'accident serait plus faible que tous les autres moyens de transport, selon Musk. L'hyperloop ne peut pas dérailler, ni s'écraser, ni faire des tonneaux. Les pylônes seraient bâtis pour résister à un tremblement de terre.
Et le coût?
C'est peut-être l'argument le plus fort des 57 pages. L'hyperloop serait un moyen de transport relativement low-cost. La ligne de 620 km coûterait 6 milliards de dollars à construire, soit 10 fois mois que le chantier approuvé d'une ligne californienne de train à grande vitesse. Selon Musk, l'amortissement sur 20 ans permettrait de proposer un aller simple à 20 dollars (15 euros).
Le projet a-t-il une chance d'être réalisé?
Trop tôt pour le dire. Musk veut construire un prototype d'ici 2017 pour prouver son concept. Ensuite, il compte laisser à d'autres le soin de le réaliser. Lundi soir, de nombreux experts se penchaient sur les détails avant de livrer leur verdict. Martin Simon, professeur de physique à l'université UCLA, a expliqué à Bloomberg que l'idée était «réalisable» d'un point de vue technologique. En attendant que la politique s'en mêle.