Curiosity: «Les gens s'attendent à ce qu'on trouve des Martiens»
SCIENCES – Un an passé sur Mars et voilà que les attentes s’envolent. Eric Lorigny, qui gère au quotidien la caméra laser posée sur le robot Curiosity, fait le point pour «20 Minutes»...Bertrand de Volontat
Curiosity peut fièrement fêter ses un an sur la planète rouge. Le robot astromobile, lancé en novembre 2011 dans le cadre de la mission Mars Science Laboratory (MSL), a pu établir pour la première fois que Mars fût propice à la vie microbienne dans son lointain passé. Remplissant d’ores et déjà le principal objectif scientifique de la mission. 20 Minutes a interrogé Eric Lorigny, responsable au CNES, le Centre national d’études spatiales, du centre d'opération des instruments français sur Mars qui pilote ChemCam, la caméra laser embarquée sur Curiosity. Cette dernière a été utilisée à plus de 75.000 reprises pour analyser la composition des roches.
La première année de Curiosity vous satisfait-elle?
Le robot a découvert un terrain propice à l’apparition de la vie. On avait bon espoir de trouver de tels signes avant le début de la mission. L’aspect rouillé et érodé du sol prouve qu’il y a un peu d’oxygène, nécessaire pour que la vie s’y développe. Pour savoir s’il a eu ou non de la vie sur Mars, il faudra revenir car Curiosity est un robot géologue et ce n’est pas sa mission, il n’en est pas capable. On ne pourra pas être sûr d’ici là.
Que peut-on attendre de plus de la mission?
Mars est la jumelle de la Terre morte plus vite. Elles sont apparues en même temps, ont une taille similaire et ont suivi un développement quasiment identique. Elle nous révèle comment était la Terre lorsqu’elle était plus jeune. Pourquoi l’eau a disparu, pourquoi l’oxygène s’est raréfiée, sont les questions auxquelles il faut répondre. Curiosity va nous aider à lire et analyser toute l’histoire de Mars qui est contenue dans son sol, notamment lors du voyage sur le mont Sharp. Nous allons continuer à percer des roches avec notre laser.
Le monde entier vous regarde. Comment gérer cette pression?
Les gens s’attendent à ce qu’on trouve des martiens et des dinosaures. Il fait rétablir la vérité dans leur esprit. Si nous trouvons des traces de vie, elles seront du type molécule organique. De même, il est trop tôt pour envoyer une mission humaine. Il faudrait passer neuf mois sans bouger dans une capsule ce que le corps ne supporterait pas. Nous travaillons sur une nouvelle propulsion permettant de réduire le voyage à 34 jours. Mais nous n’y sommes pas encore. Tout repose sur l’avancée de la technologie.