Ici, on ne parle pas de patient, mais de personne. Au Centre Ressource, les Parisiens atteints d’un cancer pourront bientôt venir se ressourcer, se reconstruire, rebondir et oublier la maladie le temps d’un cours de yoga. Car à partir d’octobre, ce petit espace dans le 6e arrondissement accueillera les patients et les aidants pour apprendre à vivre avec la maladie. Pas pour parler chimiothérapie, non, plutôt pour améliorer leur bien-être.

Un lieu inspiré du Centre Ressource d’Aix

A l’origine de ce lieu unique et innovant à Paris : un trio réunissant une médecin, un directeur d’hôpital et une psychologue. Qui s’est inspiré du premier Centre Ressource créé en 2011 par un oncologue à Aix-en-Provence. Depuis mai, la directrice du Centre Ressource réunit une équipe de professionnels bénévoles : sophrologue, styliste médical, ostéopathe et bien d’autres. Qui testent les diverses activités pour mieux les décrire à l’avenir aux patients.

Salsa, hypnose et thérapie de couple

Concrètement, à partir d’octobre toutes les personnes, homme ou femme, quel que soit leur cancer, pourront pousser la porte de cet espace convivial. Et en s’acquittant d’une cotisation de 20 euros par mois, rencontrer des psychologues ou assistante sociale, qui définiront avec eux leurs priorités, besoins, envies. Certains pourront simplement échanger dans le salon qui accueille déjà une grande bibliothèque et quelques fauteuils. D’autres participer dans les deux petites salles attenantes à des ateliers individuels ou collectifs. En tout vingt bénévoles ont déjà rejoint la team. Et proposeront pilates, sophrologie, massages, salsa, hypnose, méditation, coaching professionnel ou encore thérapie de couple.

Car ce Centre Ressource, financé par la Fondation Cognacq-Jay, ne veut pas être estampillé « médical ». « On a délibérément voulu que ce lieu existe hors les murs pour que les personnes puissent se reconstruire loin du cadre hospitalier », souligne Clémentine Villeminey, généraliste et praticien hospitalier en cancérologie à l’origine du projet.

En quoi ce cocon pourrait améliorer la vie des malades ? « Il y a beaucoup d’offres de services pour les personnes atteintes du cancer à Paris, mais elle est éparpillée et peu lisible, insiste Thibaud Tenailleau, co-fondateur du Centre Ressource Paris. C’est pour cela qu’on a voulu créer une maison regroupant l’accompagnement thérapeutique. »

« Il existe dans certains hôpitaux des conseils esthétiques ou de la sophrologie, mais c’est toujours le médecin qui choisit pour son patient et ce n’est pas sur le long terme, renchérit Clémentine Villeminey, généraliste. Ici, c’est la personne qui hiérarchise ses besoins. » Et peut s’adresser à l’équipe pluridisciplinaire après la fin des traitements. D’autant qu’« avec les progrès thérapeutiques, le patient reste moins longtemps à l’hôpital », remarque Thibaut Tenailleau. Mais les séquelles autant physiques, psychologiques que sociales ne s’estompent pas une fois la porte de l’hôpital passée.

Personnaliser l’accompagnement thérapeutique

« Aujourd’hui, la prise en charge du cancer est hypermédicalisée, centrée sur la maladie et peu sur l’impact sur la vie professionnelle, les conséquences psychologiques, la vie de famille, regrette Clémentine Villeminey. Je crois beaucoup à la personnalisation du traitement. »

Et le Centre Ressource donnera aussi les clefs aux patients pour mieux prendre en main leur santé. Grâce à un programme personnalisé d’accompagnement thérapeutique : pendant un an, les volontaires suivront pendant 1h30 un cours sur la santé, pour parler nutrition, sport, stress, sommeil, suivi d’un groupe de parole également de 1h30. Autant d’outils pour une meilleure autonomie.

Agrandir et essaimer

Mais ces professionnels imaginent déjà que ce lieu ne suffira pas pour répondre à l’immense demande sur Paris. C’est pourquoi un déménagement pour investir un lieu plus grand, rue Notre-Dame-des-Champs (6e), est déjà prévu pour 2018. Avant d’essaimer, espère l’équipe. « En tant que médecin, améliorer cet accompagnement thérapeutique, c’est offrir des années de survie », avance Clémentine Villeminey. Qui espère voir ce sentiment conforter par des futures études sur les patients des six Centres Ressources français qui bénéficieront de ce suivi personnalisé et centré sur le mieux-être.