Non, la grippe n’a pas tué 18.300 personnes l’hiver dernier
FACT CHECKING•Il ne faut pas mélanger le virus de la grippe et les conséquences du virus…Romain Scotto
C’est un fait, la grippe est l’infection épidémique qui tue le plus de personnes en France chaque année. Mais l’estimation exacte du nombre de morts dus au virus reste un exercice compliqué. Lors du dernier épisode de grippe saisonnière, étalé sur 9 semaines de mi-janvier à mi-mars 2015, le chiffre de 18.300 morts avait été avancé par l’Institut de Veille sanitaire (InVs), repris tel quel par les médias (à commencer par nous-mêmes).
En réalité, ce chiffre est inexact puisqu’il ne concerne pas les seuls décès causés par les virus. Mais un ensemble de décès dû au virus et à ses conséquences. « La précision est importante », note Sylvie Behillil, responsable adjointe du centre national de référence de la grippe à l’institut Pasteur. « Ces décès ne sont pas dus uniquement à la grippe. Il y a différents facteurs. La grippe en est un, mais ce n’est pas le seul. »
Un excès de mortalité est observé
La non prise en compte de l’incidence du climat ou des complications liées à la grippe (comme les surinfections bactériennes, les pneumopathies, pathologies cardiaques, etc.) explique le décalage. En clair, il est juste d’affirmer qu’un excès de mortalité est observé pendant les épidémies de grippes. Mais pas d'écrire que la grippe tue directement 18.300 personnes.
Du côté de l’InVs, l’explication de François Bourdillon est pourtant claire. Le directeur général de l’Institut évoque « une surmortalité toutes causes de l’ordre de 18.000 décès au cours de l’épidémie grippale, dont une large partie est probablement attribuable à la grippe. » Cela fait tout de même de la dernière épidémie un épisode particulièrement violent. Il s’agit de l’excès de mortalité le plus élevé depuis la mise en place du système d’évaluation lors de l’hiver 2006-2007.
Les vieux les plus touchés
Dominée par des virus A/H3N2, dont une partie n’était pas couverte par le vaccin, l’épidémie avait conduit 2,9 millions de personnes à consulter pour syndrome grippal. En première ligne des victimes, les plus de 65 ans, qui représentent 90 % de cette surmortalité record, toutes causes confondues. La dernière grippe avait aussi entraîné 30.000 passages aux urgences et 3.133 hospitalisations, dont 47 % chez les plus de 65 ans.