Projet de loi Santé: Quatre moyens pour les médecins de faire pression sur le gouvernement
CONFLIT•Après leur manifestation réussie de dimanche, les professionnels de santé pourraient mettre en œuvre d'autres moyens d'action s'ils n'obtiennent pas satisfaction...Delphine Bancaud
Et maintenant quelle suite donner à leur contestation? Après la manifestation ce dimanche qui a rassemblé entre 19.000 et 50.000 blouses blanches à Paris contre le projet de loi santé, ces professionnels veulent poursuivre leur mobilisation. Pas évident puisque la ministre de la Santé, Marisol Touraine a annoncé lundi que le texte serait examiné en procédure accélérée. 20 minutes fait le point sur les différents moyens de pression qu’ils comptent utiliser.
1 Faire du lobbying auprès des députés
L'examen du projet de loi Santé commence mardi en commission à l'Assemblée nationale et le débat dans l'hémicycle aura lieu fin mars-début avril. Si les syndicats de médecins ont déjà commencé leur lobbying auprès des députés il y a plusieurs mois, le président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), le Dr Jean-Paul Ortiz, les appelle à intensifier leurs démarches: «nous invitons les médecins à rencontrer les députés dans leur circonscription afin qu’ils soutiennent les amendements que nous proposons».
2 Communiquer auprès des patients pour accroître la contestation
«Un million de personnes par jour fréquentent les cabinets médicaux», rappelle le Dr Ortiz. Du coup, communiquer auprès des patients sur les vices supposés du projet de loi Santé afin d’en faire des alliés est une stratégie suivie par plusieurs syndicats. «On va leur expliquer que si le texte est conservé en l’état, cela aura des incidences sur la médecine générale. Les jeunes choisiront moins cette spécialité et s’installeront encore moins sur le territoire», estime le Dr Jacques Olivier Dauberton, Président de Reagjir (jeunes généralistes). De son côté, MG France (syndicat de généralistes) prévoit d’organiser des conférences de presse jeudi prochain dans les principales villes où le syndicat est implanté pour diffuser son opinion sur le projet de loi.
3 Boycotter la carte vitale
Certains syndicats comme MG France ou le CSMF, ont déjà lancé ce mot d’ordre, mais il pourrait le réactiver si le gouvernement ne réécrit pas une partie du projet de loi. Tout comme les appels à arrêter de dématérialiser certains actes (déclarations de médecins traitants, d’accident du travail, d’arrêts maladie). Les médecins espèrent créer ainsi un engorgement des services de l'Assurance maladie. «Pour l’heure, cette grève de la télétransmission est effectuée de façon sporadique et en accord avec le patient, car nous ne voulons pas pénaliser ceux qui n’ont pas les moyens d’attendre un remboursement tardif», précise le Dr Jacques Battistoni, secrétaire général de MG France.
4 Lancer de nouveaux appels à la grève
MG France appelle déjà à fermer les cabinets jeudi prochain et les grèves des gardes continuent dans certaines villes. «On pourrait intensifier cette mobilisation si on n'obtient pas satisfaction, en appelant par exemple à une journée de grève mensuelle», lance Jacques Battistoni. De son côté, le CSMF n’exclue pas de recourir à nouveau à cette menace «si le texte n’est pas profondément modifié», avertit le Dr Jean-Paul Ortiz. Des grèves qui pourraient rapidement créer des engorgements dans les hôpitaux.