Les substituts de bisphénol A sont tout aussi dangereux
ETUDE•Utilisés pour remplacer le bisphénol A, les bisphénol S et F auraient le même effet néfaste sur la production de testostérone...20 Minutes avec agences
Deux produits de substitution du bisphénol A (BPA), le bisphénol S (BPS) et le bisphénol F (BPF) provoquent le même niveau de perturbation hormonale sur des cellules masculines que le BPA. «C'est la première fois qu'on montre l'effet dangereux du BPS et BPF sur une fonction physiologique chez l'homme», explique l'équipe Inserm/CEA/université Paris-Diderot qui signe cette recherche dans la revue spécialisée Fertility & Sterility.
«Il n'y aurait pas de sens à échanger un danger sanitaire pour un autre. Aussi, nous devrions urgemment nous concentrer sur l'évaluation des risques pour la santé humaine des substituts du BPA (1)», ajoute l'équipe du laboratoire Cellules-souches, radiations et instabilité génétique.
Aucune réglementation
«Bien qu'ils aient une structure chimique proche de celle du bisphénol A, la dangerosité des bisphénols S et F, utilisés notamment pour les tickets de caisse, n'a jamais été testée chez l'homme, et il n'y a actuellement aucune réglementation les concernant», ont mis en garde le CEA et l'Inserm dans un communiqué commun.
L'équipe CEA/Inserm, emmenée par René Habert, professeur en physiologie de la reproduction, s'est attachée à tester l'effet de ces bisphénols sur des cellules de testicules de fœtus mâle cultivés in vitro. Et a découvert que BPS et BPF provoquaient la même réduction de production d'hormone mâle, la testostérone, par les testicules du fœtus mâle que celles induites par le bisphénol A .
«Des défauts de masculinisation»
La testostérone est une hormone capitale pour «la masculinisation des organes génitaux internes et externes (...). En l'absence de testostérone, ces organes évoluent spontanément dans le sens féminin», souligne le Pr Habert.
«Toute diminution de la production de testostérone, ce qui est l'effet des différents bisphénols, va entraîner des défauts de masculinisation» et peut déboucher sur des stérilités, déclare le Pr Habert, avant d'ajouter que «le fœtus n'est pas protégé du tout» des bisphénols que peut absorber la mère, ces substances «traversant la barrière placentaire».