Des chercheurs découvrent un gène clé dans l'apparition du cancer
SANTÉ•Bloquer son action pourrait avoir un impact direct sur l'apparition de tumeurs cancéreuses...Anissa Boumediene
C'est l'un des mystères que la recherche contre le cancer tente de résoudre. Comment une protéine, le TGF-bêta, a-t-elle la double faculté d'empêcher dans certains cas l'apparition du cancer et dans d'autres d'encourager sa progression agressive? Les chercheurs du Comprehensive Cancer Center de l'Université du Michigan pourrait bien l'élucider. Les scientifiques ont découvert un gène clé, le BUB1, qui pourrait expliquer ce paradoxe et, à terme, permettre d'élaborer un traitement ciblé.
Une découverte inattendue
Connu pour être un surpresseur de tumeur, le TGF-bêta est un régulateur négatif de la prolifération cellulaire. En clair, un surpresseur de tumeur empêche les cellules de devenir malignes. Problème: il arrive que sa fonction se retourne et qu'il devienne un accélérateur de la tumeur, favorisant la croissance agressive et la propagation du cancer. L'étude, publiée dans Science Signaling révèle que les chercheurs ont identifié BUB1 comme un gène clé impliqué dans la régulation des récepteurs de TGF-bêta.
«Nos données sur ce gène sont complètement inattendues», explique le directeur de l'étude Dr Alnawaz Rehemtulla, radio-oncologue et codirecteur du Centre d'imagerie moléculaire à l'Université du Michigan. «BUB1 est bien connu pour son rôle dans la division cellulaire. Mais c'est la première étude qui le lie au TGF-bêta. Nous pensons que cela peut expliquer le paradoxe du TGF-bêta en tant qu'accélérateur et surpresseur de tumeur», ajoute-il.
L'équipe de chercheurs de l'Université du Michigan a développé une méthode de dépistage et découvert que le BUB1 jouerait un rôle important dans la manière dont agit le TGF-bêta.
Sur la voie d'une solution
L’étude a démontré que le gène BUB1 avait une influence directe sur la prolifération de cellules cancéreuses agressives que cette protéine engendre parfois. En bloquant l’action de ce gène, les chercheurs ont découvert que cela fermait complètement la voie du TGF-bêta. Et comme le BUB1 se manifeste dans de nombreux types de cancer, mettre au point un traitement ciblé sur ce gène pourrait avoir un réel impact.
«Quand vous regardez les gènes qui se manifestent dans de nombreux types de cancer, BUB1 est dans le Top 5. De plus, ce gène est souvent présent chez les patients atteints de cancer des poumons ou du sein, mais nous ne savions pas pourquoi. Maintenant que le lien est établi, nous nous rapprochons d’une solution», estime le Dr Alnawaz Rehemtulla.