VOLAILLEGrippe aviaire : H5N8, le nouveau virus qui menace les élevages européens

Grippe aviaire : H5N8, le nouveau virus qui menace les élevages européens

VOLAILLEQuelques cas ont été récensés aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne et en Allemagne…
Romain Scotto

Romain Scotto

Autant le dire d’emblée, les dindes de Noël ne sont pas menacées. Du moins pour le moment. Plusieurs cas de grippe aviaire ont été recensés dans le Nord de l’Europe, aux Pays-Bas (4 cas), en Grande-Bretagne (1 cas) et en Allemagne (1 cas). Mais les autorités locales ont pris toutes leurs précautions en abattant toutes les volailles des élevages concernés, ainsi que celles des élevages voisins dans un rayon d’un kilomètre.

Selon les spécialistes, il s’agit de la forme H5N8 du virus. Détectée pour la première fois en début d’année en Corée, celle-ci est «hautement pathogène pour les volailles. Avec 6% de mortalité, cela ne passe pas inaperçu», indique Jean-Luc Guérin, chercheur de l’Inra à Toulouse. Les oiseaux aquatiques seraient plus résistants au virus et pourraient même ne présenter aucun signe clinique de la maladie. C’est sur le poulet et la dinde que celui-ci est très pathogène. Sur l’homme, les scientifiques se veulent rassurants, affirmant que celui-ci est beaucoup plus affecté par la forme la plus connue du virus, H5N1.

Pas de transmission à l'homme

Aucun cas humain n’a d’ailleurs été référencé avec H5N8. Pour éteindre une éventuelle psychose, les spécialistes tiennent à rappeler que s’il devait y avoir une transmission de l’animal à l’homme, celle-ci ne serait, en aucun cas, alimentaire: «D’abord, ce n’est pas la voie naturelle d’infection. Puis ces animaux n’auraient aucune chance d’atteindre un abattoir pour être commercialisés puisqu’ils sont tués en amont», indique Bernard Delmas, directeur de l’unité de virologue et immunologie moléculaire de l’Inra à Jouy-en-Josas. Concernant la voie aérosol, «pour l’instant, ce virus n’est pas adapté à la multiplication chez l’homme», précise le spécialiste.

En effectuant la «généalogie du virus», les chercheurs, ont établis un «réassortiment génomique» issu d’un premier virus observé en Chine en 2010. Il posséderait également un segment de gène commun avec H5N1, une grippe aviaire qui a tué 400 personnes, surtout en Asie du sud-est, depuis 2003.

Risque «modéré» en France

Parallèlement, les épidémiologistes tentent de remonter la chaîne de contamination. Les oiseaux migrateurs pourraient être à l’origine du transfert du virus de l’Asie à l’Europe, mais aucune piste n'est écartée (par les transports notamment). «Le spectre d’hôtes est très large, mais il peut s’agir de petits palmipèdes migrateurs», enchaîne Bernard Delmas. Dans ces conditions, il n’y a pas de raisons que le virus soit bloqué aux frontières françaises, comme un nuage bien connu. Le ministère de l’agriculture a donc renforcé sa surveillance en édictant une circulaire de précaution. Le risque a été relevé à «modéré», ce qui implique des mesures de surveillances renforcées de la part des éleveurs et gestionnaires de parcs où prolifère la faune sauvage.