Grippe aviaire: Trois choses à savoir sur le retour du virus en Europe
SANTE•Pourquoi les nouveaux cas détectés aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne et en Allemagne ne doivent pas laisser place à la panique...Claire Planchard
Virus H5N8 avéré dans une exploitation de volailles à Hekendorp aux Pays-bas, après une première mystérieuse apparition dans un élevage de dinde du nord de l’Allemagne puis virus H5 identifié dans un élevage de canards dans le Yorkshire … Une souche hautement pathogène du virus de la grippe aviaire, jusque-là cantonné à l'Asie, en particulier à la Corée du Sud, a fait son apparition en Europe depuis le début du mois de novembre et avec elle la peur d’une pandémie mondiale. Pour autant, pas de raisons de céder à la psychose comme en 2009, où 94 millions doses de vaccins avaient été commandées puis partiellement détruites en France. Explications.
Le H5N8 très pathogènes… pour les oiseaux
Comme son nom l’indique, la grippe aviaire est une maladie qui touche avant tout… les oiseaux. «Les virus grippaux aviaires évoluent en permanence. De temps en temps, des mutations génétiques provoquent l'apparition de nouveau type de virus grippaux capables d’infecter des oiseaux. Avec cette variante H5N8, on est face à une souche hautement pathogène uniquement pour les oiseaux: en clair si un oiseau est infecté, il meurt», résume Vincent Enouf, responsable adjoint du centre national de référence de la grippe de l’Institut Pasteur.
Un virus transmissible à l’homme… mais pas d’homme à homme
Avec cette souche H5N8 il y a comme avec le H1N1 en 2009 ou le H5N1 et le H7N9 plus récemment en Chine, un véritable risque de transmission à l’homme: selon le dernier bulletin hebdomadaire international publié ce lundi par l’Institut national de veille sanitaire (Invs), l’OMS a recensé à ce jour 668 cas de personnes contaminées par le H5N1 et 393 décès et 455 cas de contamination au H7N9 avec 176 décès.
«On surveille l’évolution du virus mais à ce jour toutes les transmissions à l’homme se sont faites par un contact direct ou indirect avec des volailles contaminées, vivantes ou mortes. Il n’y a aucun cas de transmission directe d’homme à homme: c’est un point très important pour ne pas céder à la psychose. On est donc très loin de tout risque de pandémie qui demanderait une campagne de vaccination», insiste Vincent Enouf.
Des foyers en France probables… mais pas certains
Selon un expert européen à Bruxelles cité par l’AFP, il est «très probable» que les foyers détectés aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne et en Allemagne soient liés, la maladie ayant été portée par des cygnes migrateurs actuellement en route vers le sud. Dans ce cas, l'apparition de foyers en France, Italie et Espagne, «ne serait pas une surprise». A l’institut Pasteur on se veut toutefois prudents: «on ne connaît pas encore la cause exacte de la contamination: les cas ont-ils été détectés dans des élevages clos ce qui indiquerait une contamination due à l’importation d’animaux porteurs du virus ou alors à des migrations d'oiseaux, la question reste ouverte!», explique Vincent Enouf. Par ailleurs, la Commission européenne s'est dite satisfaite des mesures prises aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne qui ont notamment procédé à des abattages et décrété une interdiction temporaire du transport de volailles après l'apparition de ces cas de grippe aviaire.