36 15 terminé pour le minitel rennais

36 15 terminé pour le minitel rennais

Télécoms Inventé il y a 30 ans par Bernard Marti, le terminal sera débranché samedi dans la nuit
Camille Allain

Camille Allain

C'est l'une des plus belles inventions rennaises qui va s'éteindre samedi soir. Quand Orange coupera son réseau Transpac, il mettra fin à plus de 30 ans d'utilisation du Minitel. Créé à Rennes en 1981, l'ancêtre de l'ordinateur doit son existence à Bernard Marti, aujourd'hui retraité de France Télécom. « La France avait un énorme retard dans l'accès au téléphone. On nous a demandé de réfléchir à un système d'accès aux données utilisable par le grand public. A l'époque, les ordinateurs existaient mais ils étaient trop gros pour être vendus à des particuliers », explique l'ingénieur rennais. « Le défi c'était d'informatiser la langue française, à une époque où l'informatique ne parlait qu'anglais ». Après une expérimentation en 1980 à Saint-Malo, l'annuaire téléphonique du Minitel est lancé à Betton, Retiers et Montfort-sur-Meu.

Dialogue homme-machine
Offert gratuitement aux abonnés France Télécom (sauf le coût de connexion), le Minitel connaît alors un franc succès dans l'Hexagone et la Bretagne en compte 146 000 en 1985. L'un des premiers services s'adressait aux médecins, qui pouvaient entrer les symptômes pour avoir un premier diagnostic. « C'est le début du dialogue homme-machine », se souvient Bernard Marti. La Redoute, la SNCF et Ulla prendront le virage 36 15. A son apogée en 1995, la France compte alors 9 millions de Minitels et 25 000 services. Un succès qui étonne son créateur. « Les industriels avaient conçu la machine pour durer dix ans ! ». Trente-et-un ans plus tard, le Minitel sera définitivement éteint. Sans nostalgie pour Bernard Marti. « Cela fait 20 ans que je ne l'utilise plus ! », confie l'inventeur. Ils sont cependant encore quelques-uns à s'en servir. « Des agriculteurs, qui saisissent les naissances des bêtes. Ça ne leur prend quelques secondes, c'est plus rapide qu'un ordinateur ! ». Le réseau Transpac devenu compliqué à entretenir, Orange doit s'en séparer, pour ne garder que son réseau IP, utilisé par Internet. Le 36 15 est mort.