L'extrême droite boudée
Politique Rennes est la ville la moins favorable au Front nationalCamille Allain
La Bretagne est une terre hostile au FN. La région rennaise terrorise même le parti d'extrême droite. C'est ce que révèle le site Rue89, qui a compilé les résultats des élections cantonales, régionales, européennes et présidentielles depuis 2002. Et la ville française qui vote le moins pour le parti de Le Pen n'est autre que Rennes, où le FN obtient un score moyen de 3,73 %, selon les données de Rue89. Plus éloquent encore, 8 villes de l'agglomération rennaise se classent dans le top 10 français. Betton, Saint-Grégoire, Pacé, Châteaugiron, Cesson, Acigné et Thorigné-Fouillard ne dépassent pas 4,5 % de votes en faveur du FN. Vitré, Chantepie et Le Rheu sont aussi dans le top 20. Pour le politologue rennais Romain Pasquier, les raisons de ce désamour sont multiples. « La Bretagne n'a pas connu de bouleversements sociaux comme l'Est ou le Nord de la France qui ont souffert économiquement », avance le professeur de Sciences Po Rennes.
Un rejet de l'extrémisme
Rue89 cite également comme argument le faible taux d'immigration dans la région (2,2 % ), thème de campagne privilégié du FN. « La Bretagne a longtemps eu un solde migratoire positif. Mais depuis les années 80, la tendance s'est inversée et l'Ouest est devenu une forte terre d'immigration », commente le polititologue. Mais la raison du faible succès du Front national trouve ses racines plus loin, selon lui. « La culture politique est ancrée dans l'humanisme chrétien. En Bretagne, les discours violents ou extrêmes, fustigeant l'immigration ou l'argent, sont rejetés ». L'activité des femmes, « primordiale dans la région », tranche également avec le discours de l'extrême droite. Enfin, le politologue rennais cite la politique urbaine, notamment de Rennes. « Depuis 40 ans, on favorise la mixité sociale. C'est un modèle équilibré ».