Terre à la fois de gauche et modérée, la Bretagne a plébiscité Emmanuel Macron dimanche soir et bien moins voté que le reste de la France pour Marine Le Pen, qui arrive seulement en quatrième position. Politologue et maître de conférences à l’université Rennes 2, Thomas Frinault décrypte pour 20 Minutes le vote des Bretons lors du premier tour de la présidentielle.

Emmanuel Macron réalise le grand chelem.

Quatre sur quatre. La Bretagne s’est mise en marche dimanche pour soutenir Emmanuel Macron qui totalise plus de 29 % des suffrages dans la région, soit cinq points de plus que la moyenne nationale. Arrivé en tête dans les quatre départements, l’ancien ministre de l’Economie dépasse même les 30 % en Ille-et-Vilaine (30,26 %) et frôle les 32 % à Rennes. « Macron a surperformé en Bretagne, et surtout en milieu urbain », souligne Thomas Frinault, précisant que « ce résultat était attendu ».

« Il y a un tropisme centriste en Bretagne avec une gauche pas très à gauche et une droite pas très à droite. Emmanuel Macron en a tiré profit en captant un électorat social-démocrate attaché à l’Europe et en siphonnant une partie de l’électorat socialiste », détaille le politologue. Emmanuel Macron a pu également compter sur le soutien de Jean-Yves Le Drian et de Pierre Méhaignerie, « les deux figures tutélaires du Parti socialiste et du centre-droit en Bretagne ».

Marine Le Pen progresse mais réalise un score assez faible.

Voir le verre à moitié vide ou à moitié plein. Dans une terre qui lui est traditionnellement hostile, le Front national s’est félicité ce lundi d’avoir réalisé « un nouveau record en Bretagne avec 306.642 voix et 181 communes qui ont placé Marine Le Pen en tête ». Il n’empêche, le score du Front national est très nettement en deçà de la moyenne nationale en Bretagne, Marine Le Pen ne recueillant que 15,33 % des voix. « En dessous de 19 %, ce sera un échec », clamait il y a quelques jours Gilles Pennelle, chef de file breton du Front national.

« Le Front national continue de progresser dans la région mais beaucoup moins que dans le reste de la France. Les caractéristiques socio-économiques de la région lui sont d’ailleurs défavorables puisque le chômage et les inégalités économiques y sont notamment plus faibles qu’ailleurs », analyse Thomas Frinault. A Rennes, le Front national réalise même l’un de ses pires scores avec seulement 6,70 % pour Marine Le Pen.

Jean-Luc Mélenchon qualifié au second tour en Bretagne.

Si le vote de la présidentielle ne résumait qu’à la Bretagne, c’est Jean-Luc Mélenchon qui serait qualifié au second tour face à Emmanuel Macron. Mais l’analyse est trompeuse selon le politologue. « Avec 19,28 % des voix en Bretagne, Jean-Luc Mélenchon réalise quasiment le même score que la moyenne nationale (19,44 %). Sa deuxième place s’explique surtout par les faibles scores réalisés par François Fillon et Marine Le Pen qui sont nettement en dessous du reste de la France ».

Le vote Mélenchon se retrouve principalement dans les grandes villes bretonnes, comme Rennes (25,86 %), Saint-Brieuc (23,16 %) ou Brest (22,80 %).