Gastronomie: La Bretagne a autre chose à montrer que les crêpes et le beurre salé
A TABLE•Le journaliste Olivier Marie est parti à la rencontre des chefs bretons…Camille Allain
C’est assez rare pour le souligner. Dans le livre « Chefs bretons » entièrement consacré à la gastronomie régionale, vous ne trouverez pas une recette. Tout juste quelques photos de plats. « Des livres de recettes, il en existe des centaines. Je voulais avant tout me consacrer aux hommes, surtout pas faire un dictionnaire de la bouffe bretonne », justifie Olivier Marie, l’auteur de l’ouvrage.
Ce journaliste rennais écrit depuis des années au sujet de la gastronomie locale, mais refuse l’étiquette de critique culinaire. « Quand je n’aime pas, je n’en parle pas. Je ne suis pas là pour dézinguer les gens », poursuit-il, accoudé au comptoir de l’Arsouille, l’un de ses bistrots rennais préférés.
Son livre, Olivier Marie l’a avant tout fait « par plaisir ». Mais avec son ouvrage enrichi par de magnifiques photographies, cet amoureux de la Bretagne voulait aussi tordre le cou aux idées reçues. Pour lui, la gastronomie bretonne ne se résume pas aux crêpes et au kouign amann. « C’est une image très parisienne mais elle persiste. Quand on parle de bistrots en France, on pense toujours à Paris. Pourtant il y a partout des chefs qui amènent quelque chose de différent. Les toques qui rayent le plafond, on en voit de moins en moins », poursuit-il.
« Casser cette image un peu rude »
Dans son livre, Olivier Marie s’applique donc à montrer un visage plus humain des chefs pour « casser cette image un peu rude ». Car dans le sillage des étoilés Olivier Roellinger, Jean-Paul Abadie ou Patrick Jeffroy, une nouvelle génération de chefs s’est imposée. Plus jeunes, les Rennais David Etcheverry, Julien Lemarié ou Sylvain Guillemot ont ainsi débarqué avec des idées nouvelles. « Ce qui fait la cuisine bretonne d’aujourd’hui, c’est sa diversité. Cette génération a amené son goût du voyage et son respect pour l’environnement ».
A bien écouter Olivier Marie, on comprend vite qu’il n’est pas un simple amateur de cuisine. Comme ses amis chefs, le journaliste aime la terre, la mer, l’écume, le terroir, les gens passionnés. Et c’est là que la Bretagne s’impose comme l’une des régions françaises les plus riches. Maraîchers, pêcheurs, éleveurs et ostréiculteurs ont aujourd’hui noué une vraie relation avec ceux qui cuisinent leurs produits. « Les chefs ont des produits formidables en bas de chez eux. Il y en a qui connaissent même le nom du bateau sur lequel le poisson a été pêché ». Et ça, les Parisiens ne peuvent pas en dire autant.