LOI TRAVAILLa tension est redescendue lors des manifestations

Rennes: Pourquoi la tension est redescendue lors des manifestations

LOI TRAVAILAprès les affrontements, les défilés se déroulent dans un climat plus apaisé…
Camille Allain

C. A.

On a beaucoup parlé de Paris, de Nantes, mais aussi de Rennes, pour évoquer les débordements lors des manifestations contre la loi Travail. Depuis le début de la mobilisation dans la capitale bretonne, un étudiant a perdu un œil, victime d’un tir de flash-ball, et le ministre de l’Intérieur en personne s’est déplacé, après la pagaille semée par une manifestation nocturne imprévue.

Un manifestant est interpellé en marge d'une manifestation contre la loi Travail, le 10 mai 2016.
Un manifestant est interpellé en marge d'une manifestation contre la loi Travail, le 10 mai 2016.  - C. Allain / APEI / 20 Minutes

Alors que les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre rythmaient chaque rassemblement, la situation semble s’être apaisée depuis plusieurs semaines dans la capitale bretonne. La manifestation du 14 juin, dernière en date, s’est achevée dans le calme, sans aucun gaz lacrymogène ni interpellation. « C’est parce que nous avons fait le nécessaire auprès du préfet. On nous a traités d’irresponsables mais ce n’est pas notre faute si ça dégénère », assure Valérie Kerauffret, membre de la CGT.

Pour la plupart des manifestants, la tension qui régnait était liée à la forte présence policière. « Avant, on nous collait les GM (gendarmes mobiles) à chaque coin de rue, fallait s’en douter que ça allait dégénérer », réagit un manifestant. « La police agit mieux, ou moins mal. Quand on gaze et qu’on nasse, ce n’est pas étonnant qu’il y ait une réaction », ajoute Stéphane Gefflot, secrétaire de Sud.

Un manifestant a été interpellé par la BAC au bord de la rocade. Ici lors de la manifestation contre la loi Travail, le 19 mai 2016 à Rennes.
Un manifestant a été interpellé par la BAC au bord de la rocade. Ici lors de la manifestation contre la loi Travail, le 19 mai 2016 à Rennes. - C. Allain / APEI / 20 Minutes

Plus discrètes, les forces de l’ordre sont moins au contact des manifestants, ce qui a sans doute fait baisser la tension. « Il ne faut pas oublier pourquoi on a été déployés. Des collègues se sont fait frapper alors qu’ils étaient à terre. Il y avait de la haine anti-flic », tempère un policier. Les débordements des premières manifestations avaient d’ailleurs conduit à l’interdiction d’accès au centre historique. « Fallait-il pour autant installer des barrières anti-émeutes et des canons à eau ? », interroge Valérie Kerauffret.

« J’ai deux côtes fêlées »

Dans le cortège, certains admettent aussi « être fatigués ». « Quand tu vas devant, tu prends des coups, c’est parfois hyper tendu », lâche un manifestant, un brin résigné. « J’ai deux côtes fêlées, des collègues ont des hématomes partout. Moi je ne défile pas cagoulé et pourtant j’ai ramassé. On est un peu fatigués, mais pas résignés, hein. On tiendra tout l’été s’il le faut », embraye Yannick, membre de Sud Rail.

Après trois mois de mobilisation, souvent deux à trois fois par semaine, les organismes semblent fatigués, tant du côté des manifestants que des forces de l’ordre. L’absence d’étudiants, aujourd’hui en vacances mais longtemps mobilisés, a sans doute participé à l’apaisement du conflit. Les condamnations en justice des personnes interpellées ont sans doute aussi refroidi les plus virulents. Mais pour combien de temps ?