Cinq ans après l’affaire De Ligonnès, Xavier Ronsin de retour dans sa région
JUSTICE•L’ancien procureur de Nantes a été nommé premier président de la cour d’appel de Rennes…Camille Allain
Peu importe la longueur de son CV pourtant bien fourni, le nom de Xavier Ronsin sera à jamais associé à deux histoires macabres. En 2011, le magistrat verra son visage sur toutes les télévisions de France et même du monde dans le cadre de l’affaire Xavier Dupont De Ligonnès à Nantes et du meurtre sauvage de Laëtitia Perrais à Pornic. Procureur de la République, Xavier Ronsin avait alors fait preuve d’un « très grand professionnalisme », selon ses homologues magistrats qui saluent son travail « qui force le respect ».
« Le plus beau poste de ma vie »
Cinq ans après ces faits, Xavier Ronsin a signé ce vendredi son retour dans l’Ouest, pour devenir premier président de la cour d’appel, sous les yeux du ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas. Après son très intense mandat de procureur, l’homme est parti à Bordeaux de 2012 à 2016, où il a exercé la fonction de directeur de l’école nationale de la magistrature (ENM) à Bordeaux. « Le plus beau poste de ma vie », avoue Xavier Ronsin. La preuve que la pression médiatique ne lui a pas manquée. « Je suis parti très subitement de Nantes. En 24 ou 48h, je devais être à Bordeaux. Je me suis très vite sevré de cette adrénaline », raconte-t-il.
A l’image de François Molins, procureur de la République de Paris qui a géré les attentats, la communication de crise de Xavier Ronsin avait été saluée, y compris quand il a fallu défendre l’institution judiciaire face aux attaques de Nicolas Sarkozy dans le meurtre de Pornic. « J’ai fait mon travail tout simplement. Et surtout, je ne l’ai pas fait seul. Je n’ai jamais rêvé d’une affaire retentissante comme celle de Dupont de Ligonnès. Mais si elle vient, je la gère, c’est tout », explique-t-il sobrement.
« On ne peut pas faire attendre autant les gens »
N’empêche, cinq ans après, l’affaire lui colle toujours à la peau. « Je suis sollicité chaque année à la même période, quand on approche de la date anniversaire », sourit-il. Aujourd’hui, son esprit est plutôt tourné vers la réforme de la grande institution judiciaire dont le manque de moyens est criant. « Mais y a-t-il eu un jour un budget de la justice prospère ? », glisse le nouveau premier président de la cour d’appel.
Parmi les nombreux chantiers à mener, Xavier Ronsin aimerait notamment améliorer la justice sociale. « Quand il y a un litige sur un licenciement, sur un divorce ou un conflit de voisinage, on ne peut pas faire attendre autant les gens », résume le nouveau premier président. En février, la conférence des bâtonniers avait cité trois juridictions de l’ouest (Brest, Nantes et Rennes) parmi les dix « plus malades de France ». Une illustration de l’ampleur de sa mission.