Santé: Les doudous rennais au chevet des enfants malades
SANTE•L'association rennaise veut offrir son jeu vidéo à tous les hôpitaux de France...Camille Allain
C’était un soir de mai 2010. Ce soir-là, Nolwenn Febvre a la mine des mauvais jours. Exténuée, l’infirmière anesthésiste de l’Hôpital Sud a le sentiment «de ne pas en faire assez» pour les enfants hospitalisés qu’elle côtoie au quotidien. Elle contacte alors l’entreprise nantaise de fabrication de peluches Moulin Roty afin qu’elle lui envoie des doudous pour consoler ses jeunes patients. Moulin Roty accepte et lui offre un énorme carton de peluches. L’association Les Petits Doudous est née.
Quatre ans et demi plus tard, l’association est entrée dans une nouvelle dimension. Parce que les doudous ne suffisaient plus, Nolwenn Febvre a eu l’idée de créer un jeu vidéo pour aider les jeunes patients dans leur parcours hospitalier. Lancé en avril 2014 sur tablette, «Le héros c’est toi» a changé la vie de centaines d’enfants, de parents, et métamorphosé le quotidien du personnel de l’Hôpital Sud de Rennes. «On a beaucoup moins de pleurs aujourd’hui. Avant, on avait des crises au moment de quitter la famille. L’enfant partait sur son lit d’hôpital et n’avait que nos plafonds gris à regarder. Ce n’était pas vraiment rassurant», se souvient Nolwenn Febvre. Aujourd’hui, les enfants peuvent rentrer chez eux plus vite, ressortent moins traumatisés de leur opération, et donc en meilleure santé.
55.000 euros à récolter en 60 jours
Dans le milieu hospitalier où les deniers sont rares, l’initiative rennaise n’est pas passée inaperçue et de nombreux hôpitaux se sont montrés intéressés pour récupérer l’application. Problème, il faut l’adapter, la mettre à jour et tout cela a un coût que l’association ne peut assumer. Créée grâce à la générosité de la société rennaise Niji et d’une poignée de bénévoles, l’application est aujourd’hui à un tournant de sa vie.
L’association s’apprête en effet à lancer le 27 février une grande campagne de financement participatif sur Ulule pour offrir le jeu à tous les hôpitaux français. «On a besoin de 55.000 euros. On sait que c’est énorme et on nous a même déconseillé de demander autant. Mais c’est la seule solution si on veut l’offrir. Si on n’y arrive pas, on sera obligés de vendre l’application. Et ça, je ne le veux pas», prévient Nolwenn Febvre.
Pour boucler son budget dans les 60 jours impartis, l’infirmière espère pouvoir compter sur le formidable élan de solidarité engagé à l’Hôpital Sud depuis la création de l’association. «Nous n’avions pas d’argent donc nous avons commencé à récupérer le cuivre des bistouris électriques qui étaient jetés pour le revendre. On a fait passer le mot et tout l’hôpital s’y est mis, sans même que la direction ne soit au courant», explique Nolwenn. L'argent sert aujourd'hui à financer l'achat de doudous.