Bretagne: Un an après la révolte des Bonnets Rouges, le pacte d’avenir «entre dans sa phase concrète»
ECONOMIE•Le président de la Région faisait un point d'étape, ce mardi, sur ce pacte de près de deux milliards d’euros...Jérôme Gicquel
Automne 2013. La colère gronde en Bretagne. Alors que les filières agricoles et agroalimentaires sont touchées de plein fouet par la crise, avec son lot de restructurations et de plans sociaux chez Gad et Doux notamment, une marée de bonnets rouges descend dans la rue pour défier l’Etat. Eléments déclencheurs de la grogne, les portiques écotaxe et les radars sont détruits et vandalisés dans la région.
Face à cette crise bretonne d’une ampleur inédite, le Gouvernement de Jean-Marc Ayrault sort de son chapeau un Pacte d’avenir pour la Bretagne, signé le 13 décembre à Rennes, avec une enveloppe de près de deux milliards d’euros allouée à la Région.
Un an après, qu'est ce qui a changé en Bretagne?
Le pacte d'avenir pour la Bretagne avait été signé le 13 décembre à Rennes par Jean-Marc Ayrault, Premier ministre à l'époque. - J. Gicquel / APEI / 20 Minutes
L’écotaxe reportée «sine die»
L’écotaxe poids lourds devait entrer en application en juillet 2013. Maintes fois reporté et rebaptisé «péage de transit poids lourds», cet impôt a finalement été reporté «sine die». L’annonce a été faite le 9 octobre par la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal.
Le maintien de la gratuité des routes et la suppression définitive de l’écotaxe faisaient partie des revendications du collectif «Vivre, décider, travailler en Bretagne», qui s’était constitué à la suite de la fronde des Bonnets Rouges. «Je pense qu’on y est pour quelque chose», se réjouit Thierry Merret, l’un des porte-paroles du collectif.
Un pacte d’avenir «qui rentre dans le concret»
Après un an de réunions et de mobilisation des fonds publics et privés, le pacte d’avenir «entre dans sa phase concrète», a assuré ce mardi le président de la Région Bretagne Pierrick Massiot, à l’occasion d’un point d’étape.
Si des aides d’urgences ont été débloquées pour voler au secours de filières en difficultés, ce pacte de près de deux milliards d’euros vise surtout à remettre sur de bons rails les secteurs agroalimentaires et agricoles bretons, mis à mal depuis plusieurs années. «Il y a des signaux positifs avec des investissements qui reprennent et une confiance qui est en train de se restaurer», poursuit Pierrick Massiot.
«Mais le chantier est encore énorme, notamment au niveau de la simplification administrative», tempère Jean-Bernard Solliec, vice-président de l’Association bretonne des industries agroalimentaires.
«Je crains que la colère soit pire en 2015»
Du côté des Bonnets Rouges, on continue de rejeter en bloc ce pacte. «Ce n’est que du recyclage d’argent et des mesures déjà existantes qui nous ont été imposées par Paris», indique Thierry Merret.
«Depuis le pacte, l’abattoir de Lampaul-Guimiliau a fermé, la filière volaille se porte mal… Rien n’a été fait pour trouver de nouvelles pistes et préparer l’avenir. Je crains que la colère soit pire en 2015 et il n’y aura pas que le monde agricole dans la rue», prévient le président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) dans le Finistère.