Une arme anti-pet de vache

Une arme anti-pet de vache

insolite Une association veut réduire les émissions de CO2 des ruminants
Camille Allain

Camille Allain


Et si l'on réduisait les émissions de CO² en limitant les pets et les rots de vaches ? C'est en tout cas l'idée de l'association bretonne Bleu Blanc Cœur. Depuis sa création il y a 13 ans, le groupement milite pour le retour des cultures de lin, lupin, luzerne ou colza dans les installations agricoles. Argument principal : la santé. « Notre vocation, c'est la santé humaine. On s'est rendu compte qu'en nourrissant mieux nos animaux d'élevage, on améliorait aussi la santé des hommes », assure la directrice de l'association Nathalie Kerhoas. En plus des apports nutritionnels, ces cultures pourraient aussi réduire les émissions toxiques des élevages.



Une vache = une voiture



« Aujourd'hui, une vache laitière produit chaque année autant de CO² qu'une voiture (lire encadré). En sortant du système dominant maïs, blé, soja, on peut baisser les émissions de méthane des animaux », détaille Pierre Weill, ingénieur agronome et président de l'association. Par la mastication, les vaches émettent du méthane, qui représente à lui seul 5 % des gaz à effets de serre émis en France. L'association Bleu Blanc Cœur a donc décidé d'inciter ses adhérents à limiter leurs émissions en lançant la monnaie CO². A la manière d'une carte de fidélité, l'éleveur cumulera des points en réduisant ses émissions et pourra s'offrir du matériel basse-consommation ou des brosses pour cajoler ses vaches. « C'est une manière de valoriser ce que l'on fait sur notre exploitation, mais aussi de montrer que le bien-être animal est important », estime Jean-Paul Riault, jeune éleveur installé à Guipry. Pour l'instant, seuls 18 éleveurs d'Ille-et-Vilaine constituent le groupe pilote. « Notre ambition est grande », assure Pierre Weill. L'association regroupe aujourd'hui 5 000 éleveurs, sur les 80 000 que compte la France.

■ Une baisse de 20 %

Avec de la luzerne, de l'herbe ou du lin, l'éleveur enrichit l'alimentation en oméga 3 et peut réduire les émissions de méthane de ses bêtes de 20 %. Pour 50 vaches, on peut éviter 28 tonnes de CO² par an.