À Rennes, la prostitution est invisible

À Rennes, la prostitution est invisible

Société La ville pourrait servir d'exemple aux parlementaires qui travaillent sur le dossier
Camille Allain

Camille Allain


Nantes, Bordeaux, Lyon ou Lille… Dans ces villes, comme dans la plupart des métropoles françaises, certains trottoirs sont bien connus pour être le terrain des prostituées. Mais à Rennes, vous n'en croiserez pas une. « Dans les années 2000, on en voyait autour de la gare ou dans le quartier Saint-Hélier. Mais il y a eu de grosses opérations policières après la loi sur le racolage en 2003. Depuis, tout est caché », confie un ancien membre d'association d'aide. C'est pour s'inspirer de ces résultats que la députée Maud Olivier, qui planche sur ce dossier, est venue à Rennes jeudi. « Le travail mené ici a abouti. On vient chercher les bonnes idées », justifie la députée.



Activité sur le Net



Si la prostitution a quitté les trottoirs, elle n'a pas pour autant disparu. « En zone gendarmerie, on n'a pas constaté d'activité de réseaux de proxénétisme depuis au moins deux ans. Ce que l'on voit, ce sont des cas isolés, des femmes qui stationnent leur camionnette sur des aires de repos », confirme le colonel Fabrice Bouillié, patron des gendarmes d'Ille-et-Vilaine. C'est désormais sur le Net que femmes et hommes vendent leur corps, à grand renfort d'annonces explicites. Letycia, « une jeune et charmante métisse à la peau douce » est l'une des nombreuses femmes à proposer « massage et évasion ». « Du coup, on ne les voit plus du tout. Au moins avant, on pouvait les écouter et les aider », regrette Marie-Renée, bénévole du mouvement Le Nid.

■ Des cas dans les universités

Phénomène tabou, la prostitution étudiante n'épargnerait pas Rennes, d'après une enquête menée par les services santé interuniversitaires en 2012. Sur les 1 500 réponses au questionnaire, 130 étudiant(e)s avouaient envisager le recours à la prostitution pour raison économique. Parmi eux, 23 disaient même être déjà passés à l'acte.