PORTRAITPrésidentielle 2012: Jacques Cheminade, le candidat qui parlait d'ailleurs

Présidentielle 2012: Jacques Cheminade, le candidat qui parlait d'ailleurs

PORTRAITLe candidat du parti Solidarité et progrès affirme pouvoir concourir à la présidentielle...
Anne-Laëtitia Béraud

Anne-Laëtitia Béraud

Jacques Cheminade se voit comme une «torpille», ou encore comme «un petit moustique» qui avait raison avant tout le monde. «En 2002, en 2006, en 2007, on avait annoncé qu’une crise allait se produire. Et tous les autres disaient: ‘non non non, tout va bien le système marche bien’».

L’ancien candidat à l’élection présidentielle de 1995 - il avait alors obtenu 0,28% des suffrages exprimés -, qui voit la crise actuelle comme un «cancer de la spéculation», veut repartir pour un tour. Il a annoncé, mardi dernier, avoir recueilli les 500 promesses de parrainage nécessaires pour se lancer. En 2002 et 2007 il n’avait pas pu, faute de parrainages suffisants.

Pas de bluff en 2012, assure Cheminade

A 70 ans, l’ancien haut fonctionnaire, passé par HEC puis l’ENA avant de travailler au ministère des Finances, se considère comme «le seul candidat hors système». L’homme espère, ce mardi lors d’une conférence de presse à l’arrière salle d’une librairie parisienne, «un monde sans la City ni Wall Street», les deux places financières de Londres et New York.

Si l’annonce des 500 promesses de parrainage pour la candidature de Jacques Cheminade «n’est pas un coup de bluff, ceux qui le croient vivent dans la vallée des paumés», dixit le candidat, cette conférence de presse est aussi «une manière de faire connaître le discours et de se faire connaître des journalistes», indique son jeune directeur de campagne Christophe Paquien, qui se réjouit que «les télévisions soient là».

Inspiration de Lyndon LaRouche

Car, si les années passent et la popularité se fait attendre, Jacques Cheminade, à la tête de Solidarité et progrès, énonce peu ou prou le même programme politique et économique. Il appelle à «mettre hors jeu les chefs d’Etat qui (…) nous conduisent aveuglément au chaos et à la guerre (…) en servant une oligarchie financière» comme il l’écrit dans la préface de son livre-projet, appelant à «séparer banques de dépôt et de crédit d’une part et banque d’affaires de l’autre» ou encore «investir dans la créativité humaine: le critère doit être la densité de flux d’énergie et la production par être humain et par unité de surface». Un programme… qui ne peut être précisément quantifié, car, selon le candidat, «on ne peut pas calculer sur un corps malade».

L’économiste atypique ne voit néanmoins pas le monde qu’en noir, même s’il estime que «nous sommes en guerre». Jacques Cheminade s’inspire ici largement des théories de l’économiste américain Lyndon LaRouche, qui traîne une réputation sulfureuse, et pas seulement pour ses condamnations. Une de ses interventions, reprise sur le site de Solidarité et progrès, compare la réforme de la Santé du président américain Obama à «un crime contre l’humanité, tout comme l’a été la réforme de la santé de l’Allemagne nazie (…) C’est le cas des lois Hitler sur la santé: elles étaient légales mais absolument néfastes, comme le projet de loi d’Obama».

Trajets vers la Lune puis Mars

Afin de promouvoir le développement des peuples, Jacques Cheminade souhaite la mise en place d’«un Pont terrestre eurasiatique», l’essor du continent africain par la plantation «d’une ceinture verte transversale dans le centre de l’Afrique, la remise en eau les chotts algériens et tunisiens», ou encore «la revitalisation du lac Tchad».

D’autres points du programme de «Cheminade 2012 le sursaut» peuvent recevoir la palme de l’originalité et de l’unicité. Au chapitre «espace», Jacques Cheminade veut «lancer des programmes pour la construction de transporteurs spatiaux de troisième génération et l’industrialisation de la Lune, plateforme future vers Mars et le reste du système solaire». Fervent partisan du nucléaire et des «surgénérateurs refroidis au gaz et surtout réacteurs à sels fondus (thorium)», il souhaite «raccourcir la durée future des trajets Terre-Mars et au-delà» grâce «à la propulsion nucléaire (propulsion par un dispositif de fusion thermonucléaire contrôlée miniaturisée».

Démêlés judiciaires

La bonhomie du candidat cache une face plus sombre. L’homme a déjà eu affaire à la justice, et a été condamné pour des accusations de vol, pour laquelle il a bénéficié d’une amnistie, et de diffamation. Ses comptes de la campagne de 1995 ont été rejetés, -«ce qui représente une attaque politique» selon l’ancien candidat-, et il essaie toujours de récupérer les biens saisis par la justice.

Par ailleurs, le parti Solidarité et progrès a été accusé de tentatives d'embrigadement de jeunes étudiants. La Miviludes, l’organisation de vigilance et de lutte contre les sectes a fait mention de Solidarité et progrès, le parti de Jacques Cheminade, dans son rapport de 2005.

La Miviludes écrit notamment que «Le parti Solidarité et progrès mène une vaste campagne de recrutement (…), installant des stands et distribuant des tracts, des revues à proximité ou même dans les campus des universités, notamment à Paris, à Rennes, à Nantes, à Lyon. Les étudiants constituent une cible privilégiée pour ce parti qui (…) joue sur la fibre engagée et idéaliste des étudiants.» Jacques Cheminade a répondu à 20 Minutes que ces accusations étaient «absolument ridicules».