REPORTAGEVillepin saute dans le train de la campagne

Villepin saute dans le train de la campagne

REPORTAGEL'ancien Premier ministre fait des déplacements à l'économie, au contact de «ceux qui en prennent plein la gueule»…
Envoyé spécial dans l'Aisne, Alexandre Sulzer

Envoyé spécial dans l'Aisne, Alexandre Sulzer

Sur le quai 21, tout au bout de la gare du Nord, le TER pour Laon a une demi-heure de retard. Coincé sur sa banquette bleue et grise en seconde classe, au milieu des usagers quotidiens indifférents, Dominique de Villepin prend son mal en patience. Ce mardi, il se rend à Anizy-Pinon dans l’Aisne alors qu’au même moment, Nicolas Sarkozy présente ses vœux au monde rural dans l’Ariège. Il ne s’agit que du deuxième déplacement de campagne en province de l’ancien Premier ministre. Des voyages rares en raison d’un budget serré: entre 2 et 3 millions d’euros. «Ça ne sert à rien de courir comme un raton laveur pour être trois fois au 20h, temporise-t-il . Au lieu de me précipiter là où tout le monde va, je préfère aller là où ça marche.» En l’occurrence, une ferme biologique au cœur d’un département gangréné par le vote FN.

A la rencontre de ceux «qui en prennent plein la gueule»

«Il y a les Français mondialisés et les autres, qui en prennent plein la gueule», décrypte-t-il alors que le train s’immobilise une nouvelle fois au milieu des champs gelés. «Et je sais de quoi je parle», sourit l’ancien diplomate polyglotte qui n'ignore pas qu’il appartient à la première catégorie. D’où le besoin d’aller à la rencontre de la seconde. «C’est intéressant d’écouter le maire parler de services publics et de décharge», insiste Dominique de Villepin. «Il n’y a pas de petits et de grands problèmes, il faut s’intéresser aux deux», martèle celui qui reconnaît que «la fonction présidentielle prédispose aux grands problèmes».

Toucher du doigt la réalité des choses

Le souci immédiat pour le candidat, c’est le réseau mobile qui ne passe pas, et les «toilettes des trois wagons» qui ne marchent pas. «C’est enrichissant de toucher du doigt la réalité des choses», constate-t-il. Ne serait-il pas un peu frustré d’avoir désormais une heure et demie de retard dans ce TER alors qu’il y a quelques années, il parcourait le monde en jet? «Non, c’est la vie, répond-il, tout sourire. Dans ma démarche, il faut beaucoup d’orgueil – car il faut penser que ça vaut la peine d’être essayé. Et beaucoup d’humilité.»