POLITIQUELe bras de fer PS/écologistes se poursuit sur le nucléaire

Le bras de fer PS/écologistes se poursuit sur le nucléaire

POLITIQUELes difficiles négociations sur un éventuel accord électoral pour 2012 butent sur la question du nucléaire...
La construction du réacteur EPR à Flamanville (Manche).
La construction du réacteur EPR à Flamanville (Manche).  -  SICHOV / SIPA
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Ecologistes et socialistes campent sur leurs positions dans les difficiles négociations sur un éventuel accord électoral pour 2012 qui butent sur la question du nucléaire. Eva Joly, candidate d'Europe Ecologie-Les Verts (EE-LV), et Cécile Duflot, la dirigeante du mouvement, jugent indispensable l'arrêt du réacteur EPR de Flamanville pour aboutir.

Une intransigeance qui s'ajoute aux vagues provoquées par l'irruption dans le débat de responsables UMP, dont Jean-François Copé, qui a demandé «au nom de la France» au candidat PS François Hollande de cesser de négocier avec les écologistes.

La construction de l'EPR de Flamanville en question

Les pourparlers entre PS et EE-LV pour les élections présidentielle et législatives de 2012 sont censés aboutir dans les jours qui viennent. Ils se heurtent à la question du nucléaire: les écologistes veulent y mettre fin alors que François Hollande souhaite seulement réduire la part de l'électricité produite à partir de l'atome de 75% aujourd'hui à 50% d'ici à 2025.

Dans le Journal du dimanche, le candidat PS reste ferme sur la poursuite de la construction du réacteur de nouvelle génération EPR de Flamanville (Manche), «à condition que la sécurité soit respectée et que les coûts soient maîtrisés». Mais Cécile Duflot, également dans le JDD, pose une nouvelle fois comme condition l'arrêt du réacteur. «S'il n'y a pas d'arrêt de l'EPR de Flamanville, il n'y aura pas d'accord», assure-t-elle, tout en se défendant de poser un ultimatum.

«J'affirme solennellement, tranquillement, fermement, qu'il n'y aurait pas d'accord avec les socialistes si nous n'avons pas l'arrêt du chantier de Flamanville. Il n'y a pas de plan B», avait prévenu de son côté Eva Joly samedi sur TF1. Si aucun accord n'est trouvé, «je porterai toute seule toutes les revendications de sortie du nucléaire et tout le programme écologiste et, j'espère, jusqu'au deuxième tour», a ajouté l'ancienne magistrate.

Un million d'emplois en péril?

Vendredi, Jean-François Copé, le «patron» de l'UMP, s'était invité dans le débat en demandant à François Hollande de cesser tout dialogue avec EE-LV. «Au nom de la France, je demande à François Hollande d'arrêter de négocier avec les Verts sur le nucléaire», a-t-il dit en marge de la commémoration de l'Armistice de 1918.

Le secrétaire général de l'UMP s'est dit «très inquiet» après les propos du PDG d'EDF Henri Proglio, selon qui l'abandon du nucléaire mettrait en péril un million d'emplois en France. «On est en train de négocier entre Verts et socialistes sur le dos des Français des pourcentages de réduction de part du nucléaire comme si on négociait des pourcentages de voix en fonction des sièges des différentes circonscriptions», a déploré Jean-François Copé.

Plusieurs responsables UMP lui ont fait écho samedi, multipliant les communiqués dénonçant les «ambiguïtés de François Hollande» et les «petits arrangements électoraux avec les Verts». Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, s'est demandé pourquoi la négociation englobait à la fois «la distribution de circonscriptions législatives et la politique nucléaire». «Cela me semble particulièrement choquant», a-t-il dit sur Europe 1.

«Plus utile pour la France de dialoguer avec les Verts qu'avec le Front national»

Eva Joly a jugé «inadmissible» que Jean-François Copé s'immisce ainsi dans les négociations, l'accusant en outre de «pur mensonge» sur les emplois liés au nucléaire. Comme elle, la secrétaire nationale d'EE-LV Cécile Duflot l'a accusé d'agir «en service commandé». «Il n'a pas le droit de parler en utilisant l'expression "au nom de la France" quand il est visiblement en service commandé à la fois du président de la République, qui craint une alliance entre la gauche et les écologistes, et du lobby nucléaire», a-t-elle dit.

Au PS, le député Pierre Moscovici a dénoncé «une grossièreté» du secrétaire national de l'UMP, tandis que Jean-Christophe Cambadélis invitait l'UMP à ordonner à son aile droite de cesser le rapprochement entamé selon lui avec le Front national de Marine Le Pen et ses thèses. «Il est plus utile pour la France de dialoguer avec les Verts qu'avec le Front national», écrit-il dans un communiqué.