Primaire PS: Arnaud Montebourg à fond pour la dernière ligne droite
POLITIQUE•Le candidat à la primaire PS a donné dimanche le top départ de la rentrée socialiste avec sa Fête de la rose à Frangy-en-Bresse...Maud Pierron
De notre envoyée spéciale à Frangy-en-Bresse
«Alors, tu mouilles la chemise?» Arnaud Montebourg ne relève pas la remarque du militant attablé qu’il vient de saluer, mais au propre comme au figuré, la remarque est juste. Dans la chaleur caniculaire de Frangy-en-Bresse, le candidat à la primaire socialiste est bien décidé dimanche après-midi à se mettre dans le bon tempo pour l’emporter dans la dernière ligne droite. Pour cette 39e Fête de la rose de Frangy-en-Bresse, qui marque la rentrée politique du PS, «Montebourg a invité Arnaud», plaisante son directeur de campagne, Aquilino Morelle, ex-plume de Lionel Jospin.
«Bonjour, ça va?» «Tiens, des militants de Paris!» Le député de Saône-et-Loire est en terrain conquis. Il salue à tout va, glisse un mot à un militant du cru, s’éponge le front, fait le tour des longues tablées installées sous des tonnelles où le traditionnel banquet - poulet de Bresse, pommes de terre - se déroule. Tout est terroir, du patois jusqu’au ban bourguignon, repris, comme chaque année, par les 700 militants présents. Sauf l’orchestre qui joue de la musique créole en l’honneur de Christiane Taubira, «son pilier central» qui a traversé l’Atlantique dans la nuit de samedi à dimanche pour être en Bourgogne «dans ce moment solennel».
Message à «la majorité oubliée»
Distancé dans les sondages, le candidat de la «démondialisation» compte emporter la base. «C’est la première fois qu’un parti politique partage avec des millions de Français le choix de son candidat», lance-t-il à la presse en arrivant devant la salle des fêtes. S’autoproclamant «le candidat le plus innovant», il estime que la primaire citoyenne lui donnera la chance d’enfin s’imposer. «J’ai un long passé de rénovateur, pas toujours avec grand succès. Mais c’est le peuple de gauche qui va décider et l’appareil devra s’adapter», explique-t-il.
Dans ce cadre champêtre, c’est surtout son discours que les militants sont venus écouter. Prêchant des convertis, il a déroulé pendant une heure «ses idées» et des «rêves» pour présenter «la nouvelle France» qu’il veut bâtir. Quoi qu’en dise les sondages. Des «sondages scientifiquement faux». Ils «ont toujours raison avec 20% d’erreur», attaque-t-il. Référendum pour la VIe République, réindustrialisation, capitalisme coopératif, transformation écologique de la société, et bien sûr, son concept phare, la démondialisation: Arnaud Montebourg, sous le soleil bourguignon, a donné une leçon d’économie. S’adressant d’abord «à la majorité oubliée», il a lancé que «le vote utile, c’est le vote de la gauche d’après».
Dans les pas de Mitterrand
Décrivant une France «presque sous tutelle des marchés», à qui le chef de l’Etat veut imposer la règle d’or, «la saignée de Molière où nous mourrons guéris», il propose, par «son programme de démondialisation» pour faire «plier les marchés». Il promet notamment de fermer les filiales des banques dans les paradis fiscaux, la confiscation de la licence des banques qui spéculent, l’instauration d’un salaire maximum pour les traders ou encore le démantèlement des agences de notations.
Il faut faire vite, presse-t-il, car «la France est le petit chien attaché au piquet de la finance». Faisant référence à Pierre Joxe, l’ancien ministre (bourguignon) de l’Intérieur, mettant ses pas dans ceux de François Mitterrand et citant Barack Obama, il a enjoint tous les Français à «écrire l’histoire de France avec nous», sous les applaudissements de ses militants.
«La campagne démarre seulement, les Français étaient en vacances», assure Aquilino Morelle. La primaire va se jouer «sur la personnalité des candidats» mais aussi sur «le projet politique» et vu le contexte économique, son équipe espère que son concept de démondialisation va lui permettre d’étendre son audience. Mais le candidat Montebourg devrait également «épaissir» son discours dans les semaines à venir, notamment sur l’éducation, puisqu’il va sortir une livre, distribué aux militants ou consultables sur l'Internet, sur l’école.