Hollande veut que "tous les lycées" de France envoient des élèves en prépas
•François Hollande a proposé d'envoyer 6% des élèves de terminale ...© 2012 AFP
François Hollande a proposé d'envoyer 6% des élèves de terminale de chaque lycée en classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE), poursuivant un objectif de diversification sociale et territoriale, même si le gouvernement assure avoir déjà beaucoup fait en la matière.
Lors de l'enregistrement lundi d'une émission du "Bondy Blog", un site d'informations animé par des jeunes de quartiers populaires, le candidat PS a souhaité que "tous les lycées" de France puissent envoyer "5 à 6%" de leurs élèves de terminale, si ceux-ci le veulent, en CPGE.
Ce sont "les équipes pédagogiques" de chaque lycée qui seraient chargées de sélectionner et préparer ces élèves, le but étant de "démocratiser et diversifier l'accès aux classes préparatoires" sans quota ni discrimination positive, a expliqué à l'AFP Manuel Valls, son directeur de communication.
Il a précisé que la proposition s'inspirait d'un travail de l'historien de l'immigration Patrick Weil et d'une proposition de loi qu'il avait déposée en 2005 avec son collègue, le député PS de Guadeloupe Victorin Lurel.
Dans l'équipe Hollande, on précise que l'objectif est "d'assurer l'égalité d'accès des élèves de tout le territoire aux classes prépas", qu'ils soient en banlieues, en "zones rurales" ou en outre-mer.
Les inégalités sont d'ailleurs sociales mais aussi "territoriales", a souligné mardi sur RTL Philippe Tournier, le patron du SNPDEN, principal syndicat des proviseurs de lycée: l'élève "qui habite une petite commune ou une sous-préfecture loin de tout a des chances beaucoup plus faibles" que la moyenne d'accéder à une prépa.
"Le dernier département de France pour l'accès aux classes prépas, c'est le Morbihan, qui est pourtant par ailleurs un département où la scolarité fonctionne bien. En région parisienne, c'est la Seine-et-Marne, c'est-à-dire qu'on voit qu'il y a un problème d'accessibilité géographique qui n'a pas été très traitée jusqu'à aujourd'hui", a-t-il ajouté.
Aussitôt sa proposition faite, M. Hollande a été vivement critiqué par les ministres de l'Education nationale Luc Chatel, et de l'Enseignement supérieur Laurent Wauquiez, au motif que cette mesure "est mise en place" depuis 2008.
Dès 2007, Nicolas Sarkozy demandait dans une lettre de mission de "permettre aux 5% des meilleurs élèves de chaque établissement scolaire de rejoindre, s'ils le veulent, les classes préparatoires aux grandes écoles".
En outre, le gouvernement a fait passer le nombre d'élèves boursiers en prépas "de 17,6% en 2007 à près de 28% cette année", a relevé M. Wauquiez.
Pourtant les choses ne sont pas si simples: "Il n'est pas vrai qu'on est presque arrivé à 5% pour chaque lycée", a affirmé à l'AFP Patrick Weil.
Un de ses élèves doctorants, Son Thierry Ly, a calculé qu'à la rentrée 2011 "une centaine de lycées généraux" n'a envoyé aucun élève en prépa et quelque 400 (soit environ 15%) en ont envoyé moins de 6% (sachant que la quasi-totalité des élèves de prépa viennent des filières générales).
Quant aux lycées ayant une filière littéraire (L), ce sont même un tiers qui n'ont envoyé aucun élève en prépa, les meilleurs trustant la filière scientifique (S) même quand ils veulent une prépa littéraire.
La proposition de M. Hollande pourrait donc inciter les meilleurs élèves à ne pas forcément faire S et à ne plus quitter leur lycée de proximité pour un autre plus coté, ont souligné MM. Weil et Ly.